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Nacer Sais, PDG de la SAA : «L’importance du réseau de distribution constitue notre force de frappe»

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Le secteur des assurances connait des mutations profondes à l’aune de la digitalisation et de l’introduction du e-paiement. De nouvelles mœurs s’installent avec la dématérialisation des services proposés au client. La Société nationale d’assurances (SAA), une des plus importantes compagnies nationales, œuvre à la digitalisation de ses services pour mieux servir et fidéliser à la fois ses clients et optimiser ses coûts opérationnels. Son Président-directeur général, Nacer Sais revient sur la stratégie de développement de sa compagnie avec comme clef de voûte la diversification des produits proposés à ses clients. Dans cet entretien qui suit, Nacer Sais analyse le marché national des assurances et met en avant la force de frappe de la SAA.

Interview réalisée par Lynda Mellak

La Société algérienne des assurances (SAA) demeure leader du marché national des assurances. Quel est le secret d’une telle performance ?
Avant de répondre à votre question, permettez-moi de rappeler l’historique de la Société nationale d’assurances. La SAA a débuté son activité en tant que compagnie d’assurances généraliste avec des activités qui se limitait à deux segments de marché majeurs, à savoir assurance automobiles et assurance de personne, notamment le segment des particuliers. Notre compagnie a connu une nouvelle étape dans le processus de son développement, à travers l’élargissement de son activité dès 1995, après l’ouverture de marché aux investisseurs privés nationaux et étrangers. Depuis, la SAA est présente dans tous les segments de marché des assurances en Algérie (particuliers et entreprises). La diversification de nos produits et l’amélioration constante de notre qualité de service constituent deux axes majeurs de notre stratégie de développement.
Nous nous réjouissons de notre position sur le marché national des assurances. En dépit d’une rude concurrence menée par 14 compagnies d’assurances, la SAA demeure la compagnie numéro 1 sur le marché. Cette performance est réalisée grâce notamment à l’engagement et au dévouement de ses équipes, d’une part et à son réseau d’agences le plus vaste et le plus étoffé sur le marché d’autre part.
La SAA est aussi la société d’assurance la plus capitalisée du marché, un facteur très important qui lui permet de consolider sa notoriété et son leadership. L’entreprise s’est constituée à travers le temps un réseau de distribution dense couvrant tout le territoire national. Ce qui met la société en situation d’assureur à sa nombreuse clientèle (de plus de 2 millions) un service de proximité.
La SAA a clôturé 2017 avec un chiffre d’affaires d’environ 27 milliards de dinars dans marché estimé entre 130 et 135 milliards de dinars, soit 23% de parts de marché. Avec cette performance opérationnelle, la SAA occupe le peloton de la liste des compagnies d’assurances en termes de chiffre d’affaires et de parts de marché.

L’E-paiement est aujourd’hui un moyen incontournable pour effectuer le paiement des transactions en ligne. Qu’en est-t-il du développement de ce service au niveau de la SAA ?
Effectivement, nous accordons au niveau de la SAA un intérêt particulier au développement de nos prestations en s’appuyant sur les nouvelles technologies. Nous ne pouvons pas nous permettre de négliger un tel volet aussi important qu’incontournable dans le développement de notre société. La compagnie n’évolue plus dans le même environnement qu’elle a connu dans les années 80/90. Il y a de plus en plus d’acteurs qui arrivent sur le marché et la compétition est de plus en plus rude.
Pour faire face à cette concurrence et par ricochet préserver ses parts de marché, la SAA œuvre à la modernisation et à l’amélioration de la qualité de ses services, d’une part et à la diversification de ses produits, d’autre part. La compagnie mise pour améliorer ses ventes et par conséquent son chiffre d’affaires, l’utilisation de l’ensemble des canaux de distribution permis par la législation. La vente en ligne en est un.
Réinventer la relation client constitue à notre sens l’enjeu de demain et ce, pour tous les acteurs du marché. S’adapter aux exigences du digital, anticiper les évolutions de la réglementation et trouver de nouvelles niches, la SAA y travaille d’arrache-pied et ne lésine pas sur les efforts pour y parvenir. Les nouveaux services représentent un véritable challenge pour les professionnels de l’assurance, qui doivent désormais intégrer Internet dans leur équation.

La crise qui a frappé de plein fouet le marché national de l’automobile neuf a fortement impacté le marché des assurances dommage. Quelles sont les mesures prises par la SAA pour faire face à cette situation ?
L’assurance automobile domine et continue de tirer la croissance du marché national des assurances. La crise que connait la branche automobile n’est pas sans impacter le chiffre d’affaires des compagnies d’assurances.
La part de la branche automobile dans le chiffre d’affaires du marché algérien des assurances varie, durant la dernière décennie, entre 45% en 2005 et environ 52% à présent. Ayant ressenti l’impact de la crise qui a touché le marché de l’automobile neuf depuis 2014, la SAA a mis en place une stratégie basée sur la diversification de ses produits et des segments d’activité. Aujourd’hui la société s’adresse à l’ensemble des segments et ne néglige aucune activité, au point où sa croissance est tirée depuis 2014 par les branches d’assurance hors automobile. L’importante assise financière de la SAA, le talent de ses cadres et sa notoriété sont autant d’atouts qui permettent à la société de réaliser cette performance.

Quel regard portez-vous sur le marché national des assurances, ainsi que sur l’avenir des compagnies d’assurances ?
Si notre objectif est de faire évoluer le taux de pénétration des assurances afin de nous rapprocher de celui des pays comparables à l’Algérie, nous devons agir sur plusieurs fronts. Il est primordial de mettre fin à la pratique du «dumping tarifaire» à laquelle s’adonnent l’ensemble des acteurs car, une telle pratique n’est ni dans l’intérêt du client ni dans celui des compagnies d’assurances elles-mêmes. La concurrence doit, cependant, se faire sur la qualité de service, sur l’innovation…etc, mais pas sur les prix. Dans ce cadre, une refonte de la supervision des assurances est souhaitable tant en ce qui concerne son organisation que les règles auxquelles sont soumises les sociétés d’assurance. Le fait de commencer, en ce qui concerne les règles, par prévoir des mécanismes empêchant les assureurs d’accumuler des dossiers sinistres non réglés pendant des années d’une part, et de veiller à ce que les provisionnements correspondent réellement aux engagements vis-à-vis des assurés, constitueraient un début qui conduirait à stabiliser le marché et à lui éviter les situations d’insolvabilité.
Notre marché doit absolument évoluer dans le sens de pouvoir réellement contribuer à l’essor de notre économie. Je citerai quelques exemples démontrant l’utilité des sociétés d’assurance : la moitié des actifs industriels allemands sont la propriété des assureurs. Plus de la moitié de la capitalisation boursière du CAC 40 est la propriété des fonds de pensions américains qui ne sont autre que des institutions pratiquant l’assurance de capitalisation (vie). Pour y parvenir, les assureurs de la place doivent convaincre davantage pour attirer un plus grand nombre d’algériens qui continuent de renoncer à l’assurance. Mais cela ne se réalisera que si les acteurs de l’assurance parviennent à consacrer dans les faits et à sacraliser le « droit des assurés à l’indemnité ».

L’assurance Takaful était au centre de débat entre compagnies d’assurances lors du symposium international, portant sur la question du «marché bancaire et financement islamique, développement des assurances, règlements électroniques», organisé sous le parrainage de Monsieur le Ministre des Finances le 3 et 4 avril dernier à Alger. En quoi consiste-t-elle cette nouvelle formule ?
L’assurance Takaful n’est pas un produit d’assurance mais plutôt une autre manière de faire de l’assurance. Elle consiste en la vente de produits d’assurances conçus et développés selon les principes de l’islam. Les compagnies d’assurances s’organisent actuellement pour être au rendez-vous dès la promulgation de la loi autorisant la pratique de ce type d’assurance.
Cette assurance alternative va très certainement permettre de booster le marché des assurances en Algérie, en ce sens qu’elle permettra à la frange de la société réticente à s’assurer dans le système traditionnel de pouvoir trouver les produits répondant à ses exigences.
Il faut inscrire cette volonté de développer ces assurances dans la démarche globale visant à encourager le développement de l’assurance des ménages et des entreprises avec pour double objectif : garantir une couverture adéquate des patrimoines, des responsabilités et des personnes contre les différents aléas ; et permettre une meilleure contribution des sociétés d’assurance au financement de l’économie à travers l’épargne collectée.

Quels sont les obstacles majeurs à l’émergence d’un vrai secteur des assurance en Algérie ?
Pour l’émergence d’un marché des assurances plus développé dans notre pays, il faut la contribution de tous les acteurs concernés. D’abord les compagnies d’assurance par le retour à l’orthodoxie de la profession et au respect des principes régissant cette profession : vendre au juste prix et respecter les engagements pris vis à vis des assurés en payant les sinistres dans les délais et en favorisant l’innovation termes de prestations (assistance sous toutes formes, ventes en ligne, déclaration de sinistres et expertise à distance,……).
Viennent ensuite les pouvoirs publics en encourageant et en laissant le marché s’occuper de la prise en charge des aléas via le mécanisme de l’assurance et éviter d’intervenir en aval de chaque évènement dommageable, à l’exemple des sinistres catastrophes naturelles.
A ce titre, il serait plutôt judicieux que l’Etat intervienne dans certains cas en amont pour subventionner la prime d’assurance et encourager l’émergence d’une vraie dynamique assurance, plutôt que d’avoir à supporter les conséquences dommageables d’un sinistres catastrophique, à l’instar des tremblements de terre, des calamités agricoles). Exemple des calamités agricoles ou les CAT-NAT.
L. M.

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