Se voulant le bâtisseur d’une économie forte, moderne et performante, avec comme socle la richesse agricole que recèle l’Algérie, le président de la République a fait part d’instructions et d’orientations, dont la finalité est de hisser le secteur agricole au faîte du développement national, aux fellahs qui célébraient, mardi 26 novembre 2024, le 50e anniversaire de la création de l’Union nationale des paysans algériens (UNPA).
La conviction profonde et le mot juste, Abdelmadjid Tebboune, a tenu à rappeler que «notre pays a fait de la sécurité alimentaire un enjeu stratégique que nous devons relever dans un monde où l’alimentation constitue désormais une arme redoutable et hautement influente», dira- t- il, en préambule.
Par Nourredine B.
Le chef de l’Etat ira ensuite d’un long exposé de sa vision, dont la traduction sur le terrain peut, à terme, libérer l’Algérie de la dépendance aux hydrocarbures.
Le projet du Président s’articule, notamment, autour de l’encouragement des jeunes à investir dans le domaine agricole, toutes filières confondues, en mettant leurs compétences et leurs spécialisations techniques au service d’une véritable relance du secteur, et à plus grande échelle à davantage de mobilisation des agriculteurs et éleveurs ; dont il saluera les efforts pour avoir fait preuve, lors de la conjoncture exceptionnelle résultant la pandémie de Covid-19, « d’un sens aigu du patriotisme et d’une conscience élevée de la nature du défi», a- t- il loué.
Poursuivant sa plaidoirie, Tebboune n’a pas manqué, non plus, de souligner que les décisions et mesures prises par l’Etat au profit du secteur agricole tendaient à ouvrir la porte à la jeune génération d’ingénieurs agronomes à travers les petites entreprises et les start-up, «sur lesquels nous comptons pour opérer la transition vers la modernisation du monde agricole et atteindre l’autosuffisance dans les récoltes stratégiques à court terme, notamment le blé dur, le maïs et l’orge», soutiendra- t- il dans cette veine.
Il aura, également, à insister sur la dimension stratégique que revêt l’orientation vers la modernisation et l’exploitation des techniques modernes pour la relance de l’agriculture et du monde rural.
Dans ce contexte, il mettra en avant la part de l’Etat, pointant, l’augmentation du niveau de subvention de certains produits de base, tel le prix d’achat des céréales et des légumineuses auprès des agriculteurs, le relèvement du taux de subvention des engrais à 50% de leur prix de référence ainsi que le raccordement de dizaines de milliers d’exploitations agricoles et de périmètres agricoles au réseau électrique.
Par ailleurs, le chef de l’Etat a axé aussi sur son engagement pour la mise en valeur d’un million d’hectares par irrigation, en particulier dans le Sud, d’ici à 2027, avec l’objectif, précisément, d’étendre les superficies des cultures stratégiques telles que le blé dur, le maïs jaune et les oléagineux, mettant en avant que le champ était ouvert aux investisseurs nationaux et étrangers pour mener à bien un tel projet d’envergure et s’engageant à garantir les facilitations appropriées.
Abordant, ensuite, le recensement général de l’agriculture, le troisième dans l’histoire du secteur, le président de la République a instamment mis en relief l’importance de la numérisation, des données et des statistiques précises ; en tant que principes de base pour l’élaboration des politiques de développement et dont les premiers résultats «nous aideront à «économiser du temps et des efforts pour concrétiser notre vision visant à promouvoir le secteur agricole et à mobiliser les ressources afin d’atteindre le maximum en termes d’indépendance», expliquera- t- il.
Surtout, le Président a indiqué que le foncier agricole, un problème hérité depuis l’indépendance et s’apparentant à une véritable discorde entravant la bonne marche, voire le développement du secteur en soi, allait connaitre son résolution en 2025, a- t- il promis ; appelant, à cet effet, le Premier ministre, le ministre des Finances et tous les membres du Gouvernement à travailler avec les agriculteurs pour assainir ce dossier et tracer les cadres juridiques devant définir et protéger la propriété foncière.
In fine, le chef de l’Etat est, de nouveau, revenu sur l’impératif de disposer de données réelles dans le secteur vital de l’agriculture et la nécessité de poursuivre sa modernisation «en assurant une production nationale dans les industries de transformation qui honore le pays et en évitant d’exporter les produits agricoles bruts», précisera- t- il.
Dans le même sillage, Abdelmadjid Tebboune a pris à bras le corps la question des chambres froides et le stockage. En effet, et évoquant la problématique liée au manque ou à l’interruption des financements à certains moments, « un signe de sous-développement», dira- t- il, il a fermement ordonné aux banques d’ouvrir leurs guichets pour octroyer des crédits « à tout agriculteur désirant investir dans les chambres froides et le stockage des produits agricoles, afin de garantir la stabilité du marché et lutter contre la spéculation et la pénurie », a- t- il fait savoir.
Faisant une halte sur le secteur, le Président révélera que «le secteur agricole a généré en 2024 une valeur de 37 milliards de dollars et contribue à hauteur de 15 % au PIB, par rapport à l’industrie qui reste à 5 %», a- t-il souligné, non sans mettre l’accent sur la nécessité d’une «relation organique» entre les deux secteurs.
Notant, par ailleurs, que la gestion centralisée de l’agriculture n’apportait «aucun résultat», il a eu à indiquer qu’il faille ouvrir la voie et l’initiative aux agriculteurs, le ministère de tutelle n’étant pas censé «décider de tout dans ce secteur et que des solutions adéquates doivent être recherchées», ajoutera Tebboune. Ce faisant, il a exprimé son soutien aux fédérations des agriculteurs, les invitant à proposer des solutions, car « l’Algérie vit aujourd’hui une période charnière pour atteindre l’autosuffisance», a- t- il affirmé.
S’agissant de la filière des viandes, le Président s’est montré vent debout contre les tenants de l’importation de mouton pour l’Aïd par exemple, appelant plutôt à la recherche de solutions afin de contrer la cherté des viandes rouges ainsi qu’à la filière des aliments de bétails.
Paramètres étroitement liés, la sécurité alimentaire et la croissance démographique focalisent l’attention des autorités du pays. Aussi, était- il incontournable que le Président évoquât la croissance démographique qui suit un ratio d’environ un million de naissances /an pour une projection d’ensemble de 55 millions d’habitants dans un avenir proche. D’où «la nécessité», prévient Tebboune, de «préparer toutes les conditions pour cette croissance démographique, en misant sur la production, l’autosuffisance et la construction d’une économie solide en mesure de répondre aux besoins de tous les citoyens».
Et d’expliquer que l’exportation des hydrocarbures pour importer de la nourriture était une «politique erronée», ajoutant que «nous devons produire ce que nous consommons et qu’il n’y a pas d’alternative à l’agriculture pour équilibrer nos revenus».
Enfin, et dernier chapitre en rapport avec le thème de ce conclave de l’agriculture, le chef de l’Etat aura insisté sur l’importance de l’utilisation des eaux usées, pour mener à bien le projet d’extension des superficies irriguées d’un million d’hectares supplémentaires, rappelant le programme spécial élaboré cette année entre les ministères des Ressources en eau et de l’Agriculture visant à récupérer la plus grande quantité possible d’eaux traitées pour réutilisation dans le secteur agricole.
«Il serait possible de récupérer, au départ, entre 30 et 40 % des eaux usées, ce qui permettrait d’irriguer d’importantes superficies », estime le président de la République qui veut innover sur ce plan en annonçant la possibilité de créer des coopératives sur les stations de traitement des eaux afin de les distribuer et d’optimiser leur utilisation.
N. B.
Une distinction pour le président de la République
L’UNPA s’est saisie de l’occasion de la célébration de son 50e anniversaire pour distinguer le président de la République, pour son grand soutien aux agriculteurs, à la promotion du secteur agricole, ainsi que pour ses efforts soutenus afin d’atteindre l’autosuffisance et la sécurité alimentaire. Ainsi, le Secrétaire Général de l’Union nationale des paysans algériens, Abdellatif Dilmi, a remis le ‘’bouclier de l’Union’’ au chef de l’Etat.
A noter que la cérémonie, présidée par Abdelmadjid Tebboune, s’est déroulée au Centre international de conférences (CIC) Abdelatif-Rahal, en présence de hauts responsables de l’Etat, de membres du Gouvernement et des agriculteurs.
N. B.