Le 10e Colloque International de l’Audit Interne, organisé par l’AACIA, a rassemblé plus de 300 participants, dont des experts internationaux venus de huit pays, pour aborder des thématiques essentielles liées à la fraude, à la corruption et à l’éthique. Selon Abdelaziz Bendjama, président de l’association, cet événement visait à renforcer les compétences des auditeurs internes, à promouvoir l’éthique comme rempart contre les pratiques frauduleuses et à favoriser une meilleure gouvernance des organisations algériennes. En s’appuyant sur des contributions remarquables, comme celle de William Michael Kramer, et en concluant par des partenariats stratégiques, ce colloque s’inscrit comme un rendez-vous incontournable pour accompagner la professionnalisation de l’audit interne et l’aligner sur les standards internationaux.
Interview réalisée par Karima Mokrani
Quels objectifs principaux visiez-vous avec ce 10e Colloque International de l’Audit Interne ?
Ce 10e colloque international de l’audit interne avait pour ambition de rassembler la communauté des auditeurs internes algériens et des experts nationaux et internationaux autour d’une thématique cruciale et actuelle. Il visait également à enrichir les connaissances des participants sur des sujets tels que la fraude, la corruption et l’éthique, tout en renforçant leur expertise. Enfin, il s’agissait de promouvoir l’éthique au sein des organisations algériennes comme levier essentiel pour prévenir ces fléaux et renforcer les bases d’une gouvernance saine.
Pouvez-vous partager les axes de réflexion qui ont guidé le choix des thématiques abordées, notamment autour de la fraude, de la corruption et de l’éthique ?
Le choix de cette thématique répondait à un double enjeu : d’une part, il s’agissait de prendre en compte les récents scandales de fraude et de corruption qui ont touché l’Algérie, et, d’autre part, de s’inscrire dans la dynamique des mesures réglementaires mises en œuvre par les pouvoirs publics pour lutter contre ces problématiques. L’objectif était aussi de contribuer, à travers ce colloque, à une meilleure gouvernance des organisations et à l’instauration d’une culture éthique solide, capable de prévenir efficacement la fraude et la corruption.
Quelles ont été les contributions les plus marquantes des experts présents ? Quelles thématiques ont suscité le plus d’intérêt et de débats parmi les participants ?
Les contributions présentées par les experts se sont toutes distinguées par leur pertinence et la maîtrise des sujets abordés. Toutefois, une intervention en particulier, celle de M. William Michael Kramer (USA), a marqué les esprits. Sa présentation, centrée sur les «Best Practices for Auditors in Combating Fraud and Corruption in 2024», a suscité un vif intérêt et des débats animés tout au long de l’événement. Ces échanges se sont même prolongés lors d’une journée récréative, organisée pour faire découvrir Alger et son riche patrimoine aux experts internationaux.
En matière de lutte contre la fraude et la corruption, avez-vous observé des approches ou des pratiques innovantes proposées par les intervenants internationaux ?
Les discussions menées lors de la deuxième plénière, qui comparait les cadres normatifs et les pratiques de lutte contre la fraude et la corruption en Suisse, en Tunisie et en Côte d’Ivoire, ont révélé de nombreuses similitudes dans les référentiels réglementaires, tous inspirés des normes internationales. Toutefois, ce sont dans les applications pratiques des législations que des différences significatives ont émergé, chaque pays adaptant les principes globaux à son propre contexte. Ces échanges ont permis d’identifier des pistes d’amélioration adaptées au contexte algérien.
Dans quelle mesure l’apport des experts étrangers a-t-il enrichi les échanges et renforcé la crédibilité de l’événement ?
La présence de nombreux experts étrangers, issus de pays tels que les États-Unis, la Belgique, la Suisse, l’Afrique du Sud, la RDC, la Côte d’Ivoire, la France et la Tunisie, a considérablement enrichi les débats. Parmi les 18 communications présentées lors des deux journées, 12 ont été animées par ces intervenants internationaux, ce qui a permis de diversifier les perspectives et d’approfondir les échanges. Ces interactions ont favorisé des mises en relation entre les auditeurs algériens et leurs homologues étrangers, menant à des coopérations fructueuses, notamment avec Globethics (Suisse), et à la signature de deux conventions de partenariat avec l’IIA RDC et l’IIA Côte d’Ivoire. Cette participation internationale a également permis aux 300 participants de bénéficier d’un large éventail d’idées et de solutions pratiques.
Selon vous, quels sont les principaux défis de l’audit interne en Algérie aujourd’hui ? La profession est-elle bien outillée pour affronter les enjeux de transparence et de lutte contre la corruption dans le contexte algérien ?
Le principal défi auquel l’audit interne est confronté en Algérie réside dans sa professionnalisation. Cette discipline exige aujourd’hui des compétences solides, alignées sur les normes internationales édictées par l’Institute of Internal Auditors (IIA). Bien qu’il ne soit pas spécifiquement un spécialiste de la fraude et de la corruption, l’auditeur interne joue un rôle fondamental en offrant une assurance sur la maîtrise des opérations et en proposant des recommandations visant à améliorer la gouvernance et à prévenir les risques, y compris ceux liés à la fraude et à la corruption. La formation continue est ainsi une condition sine qua non pour relever ces défis avec efficacité.
Quelles sont les perspectives pour l’évolution de l’audit interne en Algérie, à la lumière de ce colloque ?
L’audit interne en Algérie évolue au rythme de ses praticiens, qui sont de plus en plus perçus comme des acteurs clés du changement organisationnel. Leur mission consiste à proposer des solutions durables aux dysfonctionnements identifiés et à accompagner les organisations dans leur transition vers une meilleure gouvernance. Cette discipline attire un nombre croissant de jeunes cadres, quelle que soit leur formation initiale, ce qui souligne son dynamisme. Pour répondre aux exigences internationales, les auditeurs doivent continuellement actualiser leurs compétences et travailler en équipe pluridisciplinaire.
Ce colloque, devenu un rendez-vous annuel incontournable, reflète l’intérêt grandissant des professionnels algériens pour l’audit interne et leur volonté de s’aligner sur les meilleures pratiques mondiales. La confiance accrue des directions générales dans le rôle de conseiller de l’auditeur interne confirme également l’importance de cette profession dans le paysage organisationnel algérien.
K. M.