La numérisation de l’administration du Trésor public, menée par Hadj Mohamed Sebaa, Directeur général du Trésor et de la comptabilité, offre des avantages significatifs en matière de rendement et de gestion. Cette transformation vise à améliorer l’efficacité opérationnelle, réduire les coûts et libérer les agents des tâches répétitives, permettant une meilleure planification des ressources humaines. La transparence et la responsabilité sont renforcées grâce à une meilleure traçabilité des opérations, tandis que l’accessibilité des informations pour les citoyens est améliorée. La sécurité des données est également renforcée par des mesures avancées de cybersécurité. En somme, la numérisation permet une collaboration plus efficace, une gestion optimisée des ressources et une réponse plus efficiente aux défis de gouvernance. Cette transition numérique modernise les infrastructures technologiques, automatise les processus et met en place des mesures de protection robustes, assurant ainsi une gestion transparente et sécurisée des opérations financières de l’État. Cette transformation numérique est soutenue par des programmes de formation continue, garantissant que le personnel du Trésor est bien équipé pour gérer les nouvelles technologies. En intégrant les paiements électroniques et en collaborant avec les acteurs clés du secteur, le Trésor public joue un rôle central dans l’adoption de l’univers monétique, assurant la sécurité et l’efficacité des transactions financières de l’État.
Entretien réalisé par Hacène Nait Amara
Quels sont les principaux bénéfices que vous anticipez avec la numérisation de l’administration du Trésor public en termes d’optimisation du rendement, de la gestion, etc… ?
La numérisation de l’administration du Trésor public présente de nombreux avantages significatifs, optimisant à la fois le rendement et la gestion. Le projet de transformation numérique de la Direction Générale du Trésor et de la Comptabilité (DGTC) vise à améliorer l’efficacité opérationnelle globale de l’administration, à optimiser nos processus internes et à offrir des services plus rapides et plus transparents aux usagers.
L’un des principaux bénéfices anticipés est l’amélioration de l’efficacité opérationnelle car, grâce à une gestion plus rapide et plus précise des données et des opérations administratives et financières, nous pouvons réduire les délais de traitement des demandes, des transactions et des services publics.
En outre, la numérisation permet une réduction substantielle des coûts liés aux processus manuels, tels que l’impression, la gestion du papier, le stockage physique et le transport. Les économies ainsi réalisées peuvent être réaffectées à des structures ou services nécessitant des ressources supplémentaires.
La numérisation contribue également à une meilleure gestion des ressources humaines en automatisant de nombreuses tâches administratives répétitives, libérant ainsi les agents du Trésor pour des activités plus stratégiques et à forte valeur ajoutée. Cela permet également une meilleure planification dans la gestion des ressources humaines, notamment en ce qui concerne le recrutement et la mise à niveau, ainsi qu’une affectation plus efficace de certains profils.
La transparence et la responsabilité seront également renforcées grâce à une meilleure traçabilité des opérations.Les données numériques sont plus accessibles et donc plus faciles à auditer et à vérifier, ce qui renforce la transparence et conforte la responsabilité au sein des services du Trésor.
La numérisation améliore également l’accessibilité des informations pour les citoyens, leur offrant un accès facile aux informations et services du Trésor, ce qui facilite leurs démarches administratives. De plus, elle renforce la sécurité des données en mettant en place des mesures de protection efficaces contre les cybermenaces et en réduisant les risques de pertes de données par rapport aux supports physiques.
Enfin, les différentes plateformesnumériques mises en place faciliteront la collaboration entre les postes comptables, permettant un partage d’informations, de requêtes et de ressources, plus rapide et plus sécurisé.
En somme, la numérisation permettra au Trésor public d’optimiser ses opérations, de renforcer sa gestion, d’améliorer l’expérience des citoyens et de répondre plus efficacement aux défis de gouvernance dictés par les exigences du new management public.
Comment la numérisation contribue-t- elle à la mise à niveau technologique de votre administration ?
La numérisation contribue de manière significative à la mise à niveau technologique de toute administration publique. Pour le Trésor public, cela implique plusieurs actions clés. Tout d’abord, la modernisation des infrastructures avec la mise en place d’un info centre centralisé et sécurisé selon less tandards internationaux sur une plateforme technologique complètement modernisée. L’infocentre regroupera tous les systèmes de gestion – métiers, offrant ainsi une gestion de l’information plus efficace et plus flexible.
Il s’agira, également, d’automatiser les processus métiers de façon à réduire les tâches manuelles et les erreurs potentielles, par l’implémentation de plateformes visant à automatiser les processus de travail et par la conception des outils de Business Intelligence qui permettront au Trésor d’assurer une veille informationnelle, de produire des analysessectorielles, et de suivre le développement des projets et, donc, d’apprécier l’approche évolutive de sa proprestratégie.
La sécurité des données sera renforcée par la mise en place de mesures et équipements de sécurité avancés, permettant la protection des données sensibles liées aux opérations financières de l’Etat et des données personnelles des citoyens. Ces mesures se résument en l’adoption de normes de cybersécurité, la gestion sécurisée des données et la formation du personnel sur les bonnes pratiques en matière de sécurité.
Parmi les actions clés en la matière, il convient de préciserque la numérisation contribuera grandement à faciliter le travail collaboratif à travers la mise en place des plateformes de communication et de coordination dans l’objectif d’instaurer l’efficacité dans la prestation du service public.
De même, l’optimisation des ressources, y compris la gestion des finances, des biens et des ressources humaines, sera réalisée grâce à des systèmes performantsde gestion budgétaire et de planification des ressources. La transparence et la responsabilité seront accrues grâce à une meilleure traçabilité des opérations permise par ces technologies numériques.
A ce titre, la concrétisation de la transformation numérique de tous les services du Trésor (administration centrale et services extérieurs), se fera par la digitalisation des processus métiers, qui n’est pas conçue comme étant une simple transition technologique mais un véritable levier garant de la qualité qui vient répondre aux attentes croissantes de ses utilisateurs internes et externes, et aux prérequis issus de la mise en place de solutions technologiques adaptées permettant au Trésor d’emprunter le chemin de la qualité, en offrant des services plus performants.
Pour garantir la sécurité des données dans le cadre de la numérisation du Trésor public et protéger ces données contre les cybermenaces, plusieurs mesures spécifiques seront mises en place.
Au titre de la collaboration avec les autorités compétentes, la DGTC collabore étroitement avec des autorités telles que l’Agence Nationale de la Sécurité Informatique (ANSI) et le comité d’examen de la loi n° 18-07 du 10 juin 2018, relative à la protection des données personnelles. En tant que membre de ces comités nationaux, la DGTC partage des informations sur les menaces potentielles et bénéficie de conseils sur les meilleures pratiques de sécurité. Mes services appliquent scrupuleusement les orientations, recommandations et consignes de ces comités.
A ce titre plusieurs actions ont été déjà mises en œuvre, il s’agit notamment de l’isolation des serveurs et postes utilisateurs, en effet, les serveurs hébergeant le système d’information du Trésor et les postes utilisateurs sont isolés du réseau internet pour réduire les risques d’intrusion.
Nous avons mis en place une politique de sécurité couvrant la gestion des données, y compris leur collecte, stockage, traitement et partage. Cette politique inclut des directives spécifiques concernant l’accès aux données, les permissions des utilisateurs et les pratiques de sécurité à suivre par le personnel. Par exemple, le partage des données opérationnelles sur les réseaux sociaux est interdit, et l’accès aux locaux techniques est restreint aux seuls administrateurs informatiques.
En matière desauvegarde, la base de données est sauvegardée deux fois par jour sur trois supports différents, dont un est sauvegardé en dehors du poste comptable.
Pour ce qui est de la gestion des accès et des identités, un contrôle strict est exercé sur qui peut accéder, à quelles données et à quels systèmes.
Il convient de noter, également, que la DGTCveille au respect du Référentiel National d’Interopérabilité, pour l’échange de fichiers avec des systèmes tiers,conformément aux dispositions du Décret exécutif n° 19-271 du 7 octobre 2019, relatif au référentiel national d’interopérabilité des systèmes d’information.
Un élément important de notre stratégie de sécurité, la protection des données personnelles, à ce titre la DGTC est en phase de définition, d’identification, de recensement et de classification des données personnelles traitées conformément à la Loi n° 18-07. Une charte de sécurité sera élaborée et diffusée à tous les services du Trésor pour une application stricte.
S’agissant de notre plan d’actions à long terme visant à renforcer d’avantage la sécurité de nos systèmes, la DGTC prévoit des actions futures qui nécessitent un niveau de maturité dans leur mise en œuvre. Il s’agit particulièrement des actions futures ci-après :
*Elaboration et maintenance d’un plan de réponse aux incidents de sécurité, incluant les étapes à suivre en cas d’attaque ou de violation de données, des exercices réguliers de simulation d’incidents pour tester l’efficacité du plan de réponse et former le personnel à y réagir efficacement.
*Tests de sécurité et réalisation des audits à l’effet d’évaluer la résistance aux cyberattaques des systèmes et des réseaux du Trésor public, et de mettre en œuvre les correctifs de sécurité et les mises à jour logicielles pour réduire les vulnérabilités potentielles.
*Sauvegarde et récupération des données, à travers l’élaboration et la mise en œuvre des stratégies de sauvegarde régulières et sécurisées des données sensibles.
En mettant en place ces mesures, la DGTC veillera à protéger efficacement ses données et à renforcer la sécurité contre les cybermenaces, tout en assurant une gestion sécurisée et transparente des opérations financières de l’État et des informations personnelles des usagers du Trésor.
Quels effets la numérisation aura-t-elle sur la gestion quotidienne des opérations du Trésor public, en particulier en matière de transparence et de traçabilité des opérations ?
La numérisation peut avoir plusieurs effets positifs sur la gestion quotidienne des opérations du Trésor public,notamment en améliorant la transparence et la traçabilité des opérations et ce, à travers l’amélioration de la transparence qui résulterait :
d’une accessibilité accrue aux informations, car grâce à la numérisation, les informations financièreset les transactions peuvent être rendues accessibles aux parties concernées dont principalement les organes de contrôle, en temps réel ou avec un délai minimal,et d’une publication en ligne des données, les plateformes numériques permettant de publieraisément des restitutions, des rapports financiers détaillés, des situations de l’exécution des budgets, des analyses et toute autre information jugée pertinente. La traçabilité des opérations sera améliorée grâce à deux éléments clés à savoir : L’automatisation des processus, car chaque transaction peut être documentée électroniquement et associée à des informations détaillées sur les acteurs, les montants et les dates, et une auditabilité facilitée, en effet, les audits qu’ils soient internes ou externes peuvent être facilités par l’accès rapide aux données et aux historiques des transactions, ce qui renforce la crédibilité et la fiabilité des processus métiers. En outre, la numérisation réduit les opportunités de corruption et de mauvaise gestion des fonds publics. Les transactions sont mieux surveillées et peuvent être auditées de manière plus efficace, dissuadant ainsi toute éventuelle pratique frauduleuse.
Aussi, parmi les effets positifs sur la gestion quotidienne des opérations du Trésor public, l’optimisation des processus,celle-ci reste un point incontournable, dans la mesure ou la numérisation permet une gestion plus efficace des flux de travailet des cycles de traitement des opérations, réduisant, ainsi, les délais et les coûts associés à la gestion manuelle, libérant ainsi des ressources pour d’autres tâches prioritaires.
En conclusion, la transition numérique du Trésor public vise à offrir des services financiers de qualité et à moindre couts à l’ensemble des citoyens et les usagers du Trésor à travers le territoire national, par la concrétisation des objectifs de la réforme budgétaire et comptable, le développement et la promotion d’une supervision financière du secteur économique public en vue de l’orienter vers des modes de gestion fondés sur les règles du marché et de la performance. Les effets de la numérisation permettront à la DGTC de réaliser son objectif de gestion moderne et prospective des flux du Trésor, en s’appuyant sur un capital humain qualifié et une infrastructure technologique appropriée voir avancée.
Quelle stratégie de formation et de mise à niveau des compétences du personnel du Trésor public est prévue pour accompagner cette transition numérique ?
Pour accompagner la transition numérique au sein du Trésor public et assurer la mise à niveau des compétences du personnel, nous nous concentrons principalement sur la formation et la sensibilisation de notre équipe aux effets de cette transition, qui est au cœur des réformes entreprises.
Dans ce cadre, plusieurs actions en matière de formation sont envisagées.
En effet, nous réalisons, actuellement, une évaluation approfondie des compétences des agents en poste, par rapport aux exigences numériques futures et leur impact sur les méthodes de travail. Cela nous permet d’identifier les domaines où il est nécessaire d’améliorer les compétences, notamment dans les métiers spécifiques.
Nous mettrons en place, également, des programmes de formation spécifiques axés sur les compétences numériques essentielles, telles que l’utilisation des systèmes financiers avancés, la gestion de bases de données, la sécurité informatique et la gestion de projets numériques.
Nos programmes de formation sont adaptés aux nouveaux rôles et responsabilités issus de la réforme budgétaire et comptable, incluant des modules pertinents pour les trésoriers, les comptables et les gestionnaires du budget. Nous promouvons une culture de formation continue où les agents sont encouragés à se former régulièrement pour rester à jour avec les évolutions technologiques et les meilleures pratiques informatiques. Nous offrons des moyens de développement professionnel tels que des visioconférences, des cours en ligne, des workshops et des séminaires pour approfondir les connaissances et les compétences spécifiques.
Aussi des mécanismes d’assistance et d’appui seront mis en place pour les agents pendant la transition numérique, comme des forums de discussion, des sessions de questions-réponses, des cellules d’écoute et des supports techniques dédiés.
Il est prévu notamment, une évaluation régulière de l’efficacité des programmes de formation pour ajuster nos stratégies en fonction des retours d’expérience et des nouveaux besoins, tout en suivant les progrès des agents dans la capitalisation des compétences numériques et en valorisant les réussites individuelles pour stimuler l’engagement et la motivation.
Notre objectif est de promouvoir une culture organisationnelle qui valorise l’innovation et l’adaptabilité face aux nouvelles technologies. Nous encourageons également l’initiative du personnel à proposer des idées et des solutions numériques pour améliorer le fonctionnement et les opérations du Trésor public ainsi que leurs propres méthodes de travail.
Ainsi, par ces actions, nous nous assurons que notre personnel est bien équipé et motivé pour s’adapterpleinement à ces mutations numériques, garantissant ainsi une gestion moderne et efficace des Finances publiques.
Quelle sera la place du Trésor public par rapport à l’univers monétique qui est en train de s’imposer de plus en plus ?
L’univers monétique qui fait référence aux transactions financières effectuées via des moyens de paiement électroniques, joue un rôle croissant dans l’économie moderne. Le Trésor public doit jouer un rôle central et évolutif pour s’adapter à cette réalité financière contemporaine.
En tant qu’institution chargée de la gestion des Finances publiques et des opérations financières de l’État, le Trésor doit d’abord être en mesure de gérer efficacement les paiements et les encaissements électroniques, ce qui implique le développement d’infrastructures adaptées pour traiter les transactions de manière sécurisée et efficace. Assurer la sécurité des transactions monétiques est une priorité, nécessitant la mise en place de mesures robustes telles que l’authentification forte et le chiffrement des données pour protéger les fonds publics et les informations sensibles.
En parallèle, le Trésor public doit intégrer les données et les flux financiers des systèmes monétiques dans le Système d’Information du Trésor (SIT), afin de garantir une visibilité complète et une traçabilité des fonds, éléments essentiels pour une gestion transparente et efficace. Cette adaptation passe également par une mise en conformité avec les régulations et les normes en constante évolution dans le domaine monétique, en veillant à ce que les pratiques du Trésor public soient alignées avec les standards de sécurité tout en exploitant de manière optimale les moyens de paiement modernes. À cet égard, le Trésor a déjà déployé près de 1650 Terminaux de Paiements Électroniques et est connecté avec 4 sites Web marchands pour faciliter le recouvrement des redevances publiques. Toutefois, des efforts continus sont nécessaires pour atteindre tous les objectifs fixés.
Enfin, le Trésor public est appelé à collaborer de la manière la plus étroite possible avec les acteurs clés de la monétique en Algérie, tels que la SATIM et le GIE Monétiques, à l’effet de garantir l’application des normes et l’efficacité des solutions de paiement.
En résumé, le Trésor public doit jouer un rôle central dans l’adoption et l’intégration de l’univers monétique, en garantissant la sécurité, la transparence et l’efficacité des opérationsfinancières de l’Etat. Cela nécessitera une adaptation continue aux nouvelles technologies et une collaboration proactive avec les parties prenantes du secteur monétique.
Aujourd’hui le Trésor public est la pierre angulaire à travers laquelle le paiement électronique a été déployé au niveau de la sphère publique.
En effet, en sa qualité de banquier de l’Etat, le Trésor public amis en place les outils nécessaires afin de permettre aux différents receveurs relevant des administrations publiques, de recouvrer leurs redevances via les paiements électroniques, que ce soit de proximité ou à distance.Toutefois, des efforts continus sont nécessaires pour atteindre tous les objectifs fixés.
H. N. A.