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Youcef Benmicia, président de l’UAR et PDG de la SAA : « L’UAR est un partenaire dynamique de la digitalisation » 

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Les attentes de l’UAR vis-à-vis de la prochaine loi sur les assurances en Algérie sont clairement exposées par Youcef Benmicia, président de l’UAR et PDG de la SAA dans cette interview qu’il a accordée à Indjazat, où il souligne la création d’une autorité indépendante et d’autres axes de développement, évoquant, dans cette lancée, le rôle fédérateur et dynamique de l’UAR dans la généralisation des moyens de paiement électronique et dans l’essor des transactions électroniques dans le secteur des assurances. Benmicia partage également les projections de croissance du secteur, mettant en lumière la diversification des produits d’assurance, notamment la micro-assurance. Il détaille les objectifs de l’instance indépendante, soulignant sa contribution à la protection des intérêts des assurés. Enfin, il présente la numérisation des assurances, en particulier la plateforme e-recours, mettant en avant ses avantages en termes de transparence et d’efficacité. Le PDG de la SAA, interpellé, par ailleurs, sur la modernisation, explique les efforts entrepris par la compagnie qu’il dirige, qui n’est rien d’autre que le leader de son marché, notamment la certification ISO 9001 et l’extension du SMQ pour améliorer la qualité des services de la SAA et renforcer sa réputation.

Interview réalisée par Hacène Nait Amara

Un projet de réforme du secteur des assurances est en train de cheminer à travers le parcours législatif en vue de sa promulgation prochaine. Qu’attendez-vous de cette future loi, dont il est dit déjà qu’elle pourrait apporter une nouvelle dynamique au secteur des assurances ?

Effectivement, la nouvelle loi tant attendue sur les assurances, viendrait réformer le dispositif juridique actuel du secteur de l’assurance, soit presque 30 ans après la grande réforme de 1995 qui avait introduit, entre autres, l’ouverture du secteur à l’investissement privé et à l’intermédiation en matière de l’assurance. L’UAR en tant qu’organisation professionnelle a participé activement par la synthèse et l’enrichissement des diverses propositions formulées par les divers acteurs du marché des assurances, dans un cadre de concertation intra-sectoriel.

La grande nouveauté qui donnerait à mon humble avis, un dynamisme au marché des assurances est l’institution d’une autorité indépendante de régulation et de supervision des assurances à l’instar des autres autorités instituées dans d’autres marchés d’assurance à travers le monde.

D’autres grands axes de développement sont aussi attendus pour booster le marché d’un côté et le discipliner de l’autre :  notamment l’assouplissement du dispositif des assurances catastrophes naturelles et l’introduction de nouvelles solutions d’assurance pour faire face aux risques dits « émergents ». Il est également question de soutenir la commercialisation des produits d’assurance par la digitalisation et l’admission de nouveaux réseaux de distribution, l’extension de l’obligation d’assurance contre l’incendie à tous les opérateurs économique, publics ou privés, et la réintroduction de l’obligation de l’assurance couvrant les marchandises ou les biens d’équipement transportés par voie maritime et aérienne. La lutte contre la fraude à l’assurance pourrait être exercée par des organes dûment agrées, et enfin alourdissement des sanctions en cas de défaut d’assurance pour les assurances obligatoires.

Comment l’Union Algérienne des Assurances et Réassurances (UAR) est-elle partie prenante dans la généralisation du système monétique en Algérie, puisque vous êtes partie prenante dans le projet de la « ville modèle pour le paiement électronique » ?

Dans le cadre de la généralisation des moyens de paiement électronique au niveau des agences d’assurance, l’UAR avec le GIE-Monétique suivent les compagnies d’Assurances à travers des rencontres périodiques organisées au niveau du GIE- Monétique pour analyser les résultats et les moyens mis en œuvre pour le développement des moyens de paiement électronique.

De toute évidence, nous nous inscrivons pleinement dans le projet « La ville modèle pour le paiement électronique » qui a, dans le cadre de l’inclusion financière en Algérie, comme objectif de créer une dynamique de compétitivité entre les villes pour le développement et la massification de l’usage des moyens de paiement électronique.

Concernant le nombre de transactions effectuées électroniquement dans le secteur des assurances, le nombre ne fait qu’augmenter, passant de 8.372 transactions en 2021 à 23.571 transactions en 2022, soit un bond de plus de 181 %. A fin août 2023, nous sommes déjà au-delà du niveau de l’année 2022 avec 24.236 transactions. Nous nous attendons à enregistrer plus de 35.000 transactions d’ici à la fin de l’année en cours, soit une progression de 48% par rapport à 2022. Les nombres paraissent modestes comparativement aux autres secteurs de service, mais la tendance de croissance est forte et très encourageante.

A partir du niveau de croissance de 5% enregistré par le secteur des assurances en Algérie au cours de l’exercice 2022, comme vous l’avez déjà déclaré en tant que président de l’UAR, quelles projections pour cette année qui entame son dernier trimestre ?

Au 30 septembre 2023, la croissance du secteur par rapport à la même période de l’année écoulée est de près de 3%, tirée par les branches IARD et les assurances de personnes, tandis que la branche automobile n’a évolué que de 2%. Nous prévoyons que l’année en cours se terminerait avec une croissance qui se rapprocherait de celle de l’année passée.

L’assurance automobile représente 50% de l’activité des assurances en Algérie. Comment l’UAR entend-elle développer d’autres produits d’assurance tels que les assurances de personnes, les assurances incendies, les assurances de biens et d’autres ?

Pour soutenir le lancement d’autres produits d’assurance, l’UAR a inscrit dans son programme de développement plusieurs actions, notamment l’élargissement de l’offre assurancielle permettant l’accès à l’assurance pour un plus grand nombre de personnes. Cela peut passer par la création de produits d’assurance, dits de « micro-assurance », abordables pour certaines activités par exemple l’agriculture, la pêche ou l’artisanat et le travail à domicile. Comme cela peut inclure des produits d’assurance innovants et de large public, tels que l’assurance santé ou une couverture complémentaire santé ou encore pour couvrir des risques émergents ou des produits d’assurance personnalisés. La sensibilisation sur l’importance de l’assurance et l’investissement dans la digitalisation et l’innovation sont essentiels pour atteindre un plus large public. L’initiation de campagnes de communication et de vulgarisation contribuera à l’exploitation des potentialités existantes en matière de risques des particuliers.

Vous avez annoncé la création d’une instance indépendante pour accompagner le secteur des assurances. Quels sont les objectifs de cette instance et comment envisagez-vous de renforcer la protection des intérêts des assurés ?

D’abord, l’institution de cette autorité remplacera l’actuelle commission de supervision des assurances et permettra de faire la distinction entre les missions de régulation de celle de propriétaire des compagnies publiques d’assurance. Cette nouvelle autorité indépendante disposera de moyens et de ressources lui permettant d’encadrer le marché et exercera le contrôle de l’Etat sur l’ensemble des acteurs du marché. Elle veillera à ce que les entreprises d’assurance soient solvables et protègera les intérêts des assurés et des bénéficiaires de contrats d’assurance. Elle renforcera l’intégrité du marché de l’assurance et veillera à la régularité des opérations d’assurance. Elle empêchera, par ce fait, les pratiques déloyales en encourageant la concurrence équitable, ce qui profitera à la fois aux assurés et aux assureurs. Elle s’assurera aussi que les polices d’assurance offertes sont conformes et équilibrées et que les assureurs honorent leurs engagements en cas de sinistre, ce qui renforcera la confiance du public dans l’industrie de l’assurance.

Pourriez-vous expliquer en détails la première opération de numérisation des assurances, notamment celle concernant l’indemnisation des accidents de la circulation ? Comment cette numérisation a-t-elle amélioré le processus de règlement des indemnisations entre les sociétés d’assurances ?

La plateforme digitale e-recours a été mise en place le 1er octobre 2022 dans le cadre de la convention IRSAM signée en 2016 entre les compagnies d’assurance sous la supervision de l’UAR. Cette initiative s’inscrit dans la stratégie de numérisation et de digitalisation des services publics, visant à améliorer la qualité des services offerts aux citoyens. Le BUAA a été chargé de mettre en place et de superviser l’exploitation de la plateforme conformément à la convention cadre signée à cet effet avec l’UAR.

La plateforme e-recours joue actuellement un rôle-clé dans la transformation numérique du traitement des réclamations inter-compagnies pour les sinistres automobiles matériels, entraînant une réduction notable des délais, une amélioration de la qualité des services et une transparence renforcée. Malgré des résistances au changement, des programmes de formation continue mis en place nous aident à surmonter les appréhensions d’utilisation de la plateforme en renforçant leur compréhension et leur confiance.

La plateforme e-recours offre des avantages en termes de gouvernance en centralisant les données, en facilitant le suivi et le contrôle, en améliorant la gestion des risques, en favorisant la collaboration et la coordination, ainsi qu’en fournissant des rapports et des analyses pertinentes. Ces avantages contribuent à renforcer la transparence, l’efficacité et l’intégrité du processus de traitement des réclamations inter-compagnies, soutenant ainsi les objectifs de gouvernance globale.

Concrètement, depuis le lancement de la plateforme e-recours 634.731 réclamations inter-compagnies ont été échangées pour un montant de 35,82 milliards de dinars, soit une moyenne de 2.027 réclamations par jour. 116.394 réclamations pour un montant de 6,38 milliards de dinars concernent uniquement des sinistres survenus en 2023. Le taux de traitement des réclamations échangées à fin septembre 2023 a atteint déjà 83% du total enregistré. Il reste encore 107.792 réclamations. A titre d’exemple, en 2022, les compagnies ont enregistré 1.090.000 Dossiers sinistres et ont réglé durant la même période 912.000 dossiers. Ces chiffres vont s’améliorer crescendo.

Je m’adresse au PDG de la SAA, pouvez-vous nous informer sur les efforts entrepris par la SAA pour moderniser ses opérations, en particulier en ce qui concerne la certification ISO 9001 et l’extension du SMQ à l’ensemble de ses structures ?

Pour la SAA, l’obtention, la préservation et aussi l’extension de la certification ISO 9001:2015 à l’ensemble de ses structures traduisent la mise en place d’un Système de Management de la Qualité (SMQ) structuré et organisé.

Ce SMQ vise à améliorer de manière méthodique la qualité de ses services, à répondre aux attentes des clients, à gérer les risques et à assurer la conformité réglementaire. Cette démarche renforcera indubitablement la réputation de la SAA et sa capacité à fournir constamment des services de meilleure qualité. Le SMQ de la SAA repose sur des politiques, des processus et des pratiques qui garantissent la qualité de ses produits et services. Il s’appuie sur la planification, la mise en œuvre, la surveillance et l’amélioration continue, avec la norme ISO 9001 comme guide. L’objectif principal demeure la satisfaction client, la conformité aux réglementations et l’encouragement de l’excellence opérationnelle grâce à l’engagement du personnel et à une gestion efficace des processus.

H. N. A.

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