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CONSTUCTION NAVALE : L’ECOREP sort la tête de l’eau

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Sur plus d’une année, en plus de la quasi paralysie commune à tous les secteurs d’activité économique imposée par la pandémie du coronavirus, l’Entreprise publique  de la construction, réparation et maintenance navales, ECOREP, a manqué de peu toucher le fond.

L’immersion semblant irréversible pour cette entreprise, à pied d‘œuvre depuis 1979, son redressement nécessitait autant  d’engagement que d’abnégation et, imparablement, concessions et sacrifices de la part de ses travailleurs. Un cocktail de vertus qui a vau à l’ECOREP de faire sortir la tête de l’eau, après le spectre d’une immersion fatidique, avec, encore, cette perspective heureuse d’appareiller vers de grands horizons ; aidée en cela, faut- il souligner, par la nouvelle politique du ‘’compter sur soi’’ du gouvernement et des orientations judicieuses du président de la République sur ce plan.

Reportage réalisé par B. Noureddine

ans les faits, cela s’est traduit par la décision historique du gouvernement de geler l’appel d’offres pour l’acquisition de remorqueurs pour en  transférer les commandes à l’ECOREP de Bou Haroun en banlieue ouest d’Alger. Un plan de charge qui redonne vie à l’entreprise. De quoi aiguiser la curiosité d’Indjazat et son équipe pour laquelle une virée in situ s’imposait.

En plein centre de Bou Haroun, on plonge sur une cinquantaine de mètres vers la mer en contrebas. Juxtaposant le fameux port de pêche de la petite bourgade, l’ECOREP n’en a pas la même notoriété, sauf pour les initiés. Et pour cause. Si l’on rue sur le quai commercial et les restos y afférents où sentent bons le poisson et la sardine, dont les pris s’envolent faut-il rappeler, l’on reste dans une ignorance presque impardonnable d’une entreprise qui fait en amont le lit à la pêche, via ses activités, et dont seule la prospérité pourrait contribuer, dans une certaine mesure, à atténuer les prix démentiels sur le marché  du poisson.

En pénétrant dans l’enceinte, le profane est d’emblée frappé par l’impression de gigantisme des lieux qui recouvrent près de 03 hectares. Savamment agencée, les différentes infrastructures sont disposées en un grand atelier couvert, une dalle lourde, un quai d’armement et une darse de mise à sec et de mise à l’eau. Longeant le port, un second atelier de moindre envergure est réservé aux barques- 04 mètres. Mais, incontestablement, c’est l’atelier principal qui impressionne. Dans son immensité trônent deux mastodontes quasi finies. Il  s’agit de deux des trois remorqueurs commandés par le groupe pétrolier national, Sonatrach, le troisième, dédié au port de Béjaïa pavoisant à quai, après son inauguration solennelle rehaussée par la présence des ministres de la l’Industrie, de ses collègues de l’Energie et des Transports, ainsi que du P- dg de Sonatrach.

Egalement, deux carcasses finies de bateau de plaisance, entre bateaux corsaire et de ballade, s’imposent flambant neuves, les deux unités répondent à des commandes de particuliers, désireux d’investir dans le transport domestique et de la plaisance. Ce alors qu’une petite barque de mètres, tout en bois, ne manque pas d’attirer l’attention. Nous apprendrons plus tard qu’elle s’apparente à un caprice du chef, le DPG de l’entreprise en l’occurrence, qui a jugé de l’importance de revaloriser le patrimoine méditerranéen, en réhabilitant une épave de ‘’ch’qaf’’  acquise au troc auprès de la station des Skis nautiques d’Alger. De part et d’autres de l’atelier, des corridors en longueur à un étage abritent, côté- gauche, des bureaux affectés aux services techniques et l’administration générale, comprenant le strict minimum ; à droite.

Avant de grimper au 1er, nous aurons eu le temps de noter la discipline sans faille et une sérénité  des travailleurs, chaque groupe affairé à sa besogne.

C’est que revenus de loin, après le spectre du chômage, la centaine d’employés mesurent plus que quiconque l’importance du défi qui se posent à eux, dans l’optique de préserver leurs emplois, voire prospérer et hisser leur entreprise vers le haut.

Hamid Benderradji, PDG de l’entreprise, nous accueille avec bienveillance à la porte de son plutôt austère bureau. Genre BCBG, sa bonhomie ostensible est vite contagieuse mais l’on subodore assez le style du professionnel à la min de fer dans un gant de velours. Surtout, le PDG de l’ECOREP s’illustre par sa grande conviction en parlant du redressement et des projets de son entreprise.

Des traits de caractère à la hauteur des défis de grandes envergures qu’il s’est assignés et qui pourraient expliquer, déjà, pourquoi cet opérateur historique public n’a pas plongé dans le néant.

Dans ce contexte, il trace au marqueur « une expertise propre » à l’entreprise qui a dû palier l’absence du partenaire français, pour cause de Covid-19, pour la mise en branle d’une industrie navale dédiée à la fabrication des navires en acier, soulignant avoir capitalisé «sur l’expérience acquise par le passé pour progresser et concrétiser les objectifs que nous avons préalablement arrêtés», explique- t- il.

Suppléant le gestionnaire austère, l’homme n’omet pas de mettre en avant, dans la même veine, le mérite de ses personnels, indiquant que cette réussite, apparentée à «un véritable exploit», était  «celle du personnel qui, grâce à son abnégation et à son engagement, le projet a pu voir le jour», fait- il observer.

Tout sourire, Hamid Benderradji nous convia enfin à un tour du propriétaire, nous affectant à cet effet, la commerciale de l’entreprise, H. Lina.

Notre guide de circonstance nous emmène vers l’aile d’en face, réservée aux bureaux techniques. Au niveau supérieur, c’est le chef de département ingeenering et développement, N. Sofiane, studieux derrière son PC, qui décline pour nous l’organigramme de l’ECOREP.

Ce dernier comprend 04 ingénieurs, dont 02 pour le bureau d’étude et 02 pour la production ; en  plus d’un cinquième ingénieur spécialisé en chimie, en charge de la fibre de verre, résine etc. ainsi qu’un directeur technico- commercial.

Viennent immédiatement après, 02 chefs d’ateliers spécialisés en acier, chapeautant les services d’électricité, mécanique, menuiserie et plomberie.

Enfin, au niveau de la Main d’œuvre, l’ECOREP compte entre 120 à 130 employés.

Au rez- de- chaussée, le chef d’atelier- acier, B. Mohamed quitte aimablement  son bureau pour nous accompagner dans l’atelier. On tombe pile sur le deuxième remorqueur ; à l’arrière d’impressionnants moteurs posés sur un établi. « Pour ce remorqueur, il ne reste plus que les moteurs à monter, c’est une opération assez délicate qui suppose des réglages minutieux», explique Mohamed, un algérois rompu à l’exercice.

A fil de la discussion, où il s’étalait sur des notions techniques que nous avions du mal à suivre, nous avons surtout capté, à la fin, cette fierté à peine dissimulée d’avoir relevé de grands défis déjà. En attendant des  challenges autrement plus grands.

« Lors de la réception solennelle du remorqueur de Béjaïa, j’avais remarqué que certains responsables faisaient la fine bouche. Je leur ai répondu que oui, ce n’était pas exactement l’excellence comme dans les pays ultra avancés mais ce produit 100% algérien est costaud et fiable, alors accompagnez- nous pour nous mettre au diapason», n’a pas pu s’empêcher de nous confier, in fine, Mohamed, comme dans un message subliminal.

Marquant la fin de notre virée, une promenade, toujours en compagnie de notre guide, dans le large quai d’armement, nous gratifia de larges rasades bienfaitrices  d’iode après les effluves de résine mêlée à la résine qui polluent l’atmosphère lors des moments intenses des travaux. Une nuisibilité qui vient souligner encore l’abnégation des hommes de l’ECOREP, dans leur quête de relever les défis qui les attendent.

Après avoir jeté un œil sur le remorqueur de Béjaïa amarré à la darse et exploré le deuxième atelier dédié à la réparation des petits bateaux, nous primes congé de nos hôtes, gardant à l’esprit la discipline et l’ardeur au travail des travailleurs de l’entreprise, PDG y compris, et cette certitude que l’ECOREP ne coulera pas par le fond.

B. N.

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