Qualifié de champion du développement durable, ce pays s’est fixé l’objectif ambitieux de devenir neutre en carbone d’ici 2035.
Tout est parti d’un constat peu reluisant voire alarmant, établi par les habitants de nombreuses localités et le mouvement associatif en Finlande sur le péril auquel font face les forêts et les lacs, deux sources nourricières intarissables qui ont continué à abreuver le pays de longs siècles durant. « Si on perd nos forêts et nos lacs, on perdra tout ». Cette sentence lourde de sens, prononcée avec dépit par les finlandais, résonne telle une peine afflictive et infamante à l’encontre des acteurs et autres intervenants pollueurs et prédateurs de dame nature. Grâce à cet éveil collectif des consciences, ce pays a réussi à sauver ses quelques 168 000 lacs de la pollution (acidification), engendrée par les activités agricoles ainsi que ses forêts, source de développement de leurs entreprises de production de bois, de papier, de cartons et de pâte à papier. Les experts déclarent que la pollution de l’eau se produit lorsque des substances nocives, telles que des produits chimiques ou des micro-organismes, sont rejetées dans l’environnement et contaminent les rivières, les lacs, les océans, etc. « C’est ce qu’a vécu la Finlande en 1960 », a affirmé Marja Joenusva, Ambassadeur de Finlande en Algérie dans son intervention au cours de la journée nordique organisée récemment à Alger. « Nous avons pu découvrir que les lacs contenaient des substances chimiques qui polluaient les eaux. Cette pollution provenait des activités agricoles », a indiqué notre interlocutrice rencontrée en marge de cette journée. Il s’agit en fait des produits chimiques, pesticides et autres, utilisés par les agriculteurs qui sont charriés par les eaux pluviales vers les lacs, infectant ainsi la qualité de l’eau. A partir de là, il a été décidé d’exiger des exploitants agricoles de changer d’intrants et d’engrais chimiques afin de réduire de manière optimale l’altération de l’eau des lacs. Les solutions innovantes ont été de ce fait développées par des sociétés spécialisées au profit des grandes industries et à ceux des collectivités locales et des organismes publics, afin de garantir que toute eau restituée au milieu soit rigoureusement analysée et rejetée en toute sécurité.
Premier pays à avoir instauré la taxe carbone
« Outre l’usage d’ingrédients moins dangereux par les agriculteurs, les autorités ont recouru à d’autres solutions notamment la mise en place de filtres qui atténuent le passage de ces substances dangereuses dans les eaux et l’utilisation de mécanismes purificateurs », a expliqué l’ambassadeur Marja Joenusva. La Finlande a pu muer d’une société agricole vers une économie ouverte et concurrentielle à vocation technologique répondant aux défis environnementaux et écologiques. Forte de sa main d’œuvre hautement qualifiée et de ses bonnes performances en matière d’innovation, la Finlande est bien armée pour surmonter la crise économique mondiale et répondre aux défis environnementaux. La Finlande a aussi pris très tôt conscience de l’importance de préserver ses ressources naturelles et a placé l’atténuation des changements climatiques et la croissance verte au premier rang de ses priorités. Dès 1993, un conseil de développement durable, dirigé par le Premier ministre de l’époque, a été instauré. Dès l’année 2009, ce pays a pu réduire sa pollution et améliorer la qualité de son environnement en inaugurant de nouvelles approches telles que les écotaxes.
B. K.