Sur deux jours, les 1 et 2 novembre 2022, l’Algérie a focalisé l’attention du monde entier en abritant la 31e session de la Ligue arabe au Centre internationale de conférences (CIC) d’Alger.
La symbolique de la date du déclenchement de la glorieuse révolution algérienne pour la libération du pays de sa longue nuit coloniale sciemment retenue, tendait à réveiller la conscience d’un monde arabe engoncé dans une profonde léthargie.
Dans ce contexte, d’ailleurs, le président de la République a dans son discours inaugural, résolument soutenu que «La tenue de notre sommet arabe concomitamment avec l’anniversaire du déclenchement de la Glorieuse Révolution du 1er Novembre, est source de fierté et de grands espoirs, fierté de l’adhésion des frères arabes et autres personnes éprises de liberté à la Glorieuse Révolution du peuple algérien qui défendait sa cause juste».
Il ne manquera pas de ce fait, d’exprimer son souhait de pouvoir « tous nous remémorer et exalter ces valeurs, face aux défis existentiels qui menacent la sécurité, la stabilité et la prospérité de nos peuples et de nos pays».
Sous cet angle, force est d’admettre, au regard de l’ordre du jour du Sommet et ses recommandations finales ; à côté d’une organisation au top, son succès total en dépit de manœuvres inavouées multiples qui avaient mobilisé, faut-il le rappeler, les nombreux détracteurs de l’Algérie via leurs relais médiatiques et ce depuis l’annonce, en novembre 2021, par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune de la tenue de ce grand événement diplomatique régional.
Mais de l’égosillement des gorges chaudes prédisant sans relâche son annulation à la défection, point innocente, des souverains du Golfe, l’Algérie aura finalement tenu la gageure d’étaler sa master class diplomatique pour faire aboutir ‘’son’’ Sommet selon ses propres principes fondamentaux fortement chevillés aux valeurs universelles, notamment la défense des causes justes.
Au moment où des glissements dangereux d’une normalisation contre nature avec l’entité sioniste, se sont fait jour elle avait relevé le défi de convier et de réconcilier les factions palestiniennes comme prélude au Sommet qui allait y apporter son onction.
Que la majorité des normalisateurs et autres partisans des ‘’Accords d’Abraham’’ ruent dans les brancards amenant les monarchies du Golfe, à l’exception du vaillant Prince du Qatar, à bouder leurs chaises au CIC s’inscrivait dans la logique des choses.
Et quasiment au même moment des travaux du Sommet, l’entité sioniste consignait le retour aux affaires de Benjamin Nentanyahou menant un courant de droite, suppléé par des radicaux féroces tapis dans des partis ultra-orthodoxes et d’extrême droite «Sionisme religieux».
C’est dire un peu la vision éclairée du Président Tebboune sur une question palestinienne, censée être la problématique centrale de la nation arabe.
«Le cœur battant de la Nation arabe» accentuera le président algérien dans son discours inaugural, soulignant «un devoir arabe vis-à-vis de la cause palestinienne».
Formulant le vœu que le sommet puisse permettre la création d’un Comité arabe de liaison et de coordination en soutien à cette même cause, il fera part de l’entière disposition de l’Algérie à soumettre «cette revendication vitale aux Nations unies pour convoquer une Assemblée générale extraordinaire, aux fins d’accorder à l’Etat palestinien la qualité de membre à part entière aux Nations unies».
Par ailleurs, et mettant le doigt sur l’apathie, du reste avérée, de la Ligue arabe, Abdelmadjid Tebboune a mis l’accent sur la nécessité impérieuse de la réformer suivant un mode de traitement «sérieux, responsable et crédible». Ces réformes, qui constituent un véritable défi à ses yeux, et convergeant vers l’action arabe commune, doivent être «diligentes, radicales, profondes et exhaustives», dira- t- il en substance à ce chapitre.
Plus explicite, il mettra en avant l’attention soutenue à porter sur la condition du citoyen arabe, autour duquel devrait graviter toute action collective et sur lequel «il convient de focaliser les efforts, en l’associant comme acteur et actionnaire agissant dans la définition de l’action arabe commune», a- t- il recommandé.
Dans cette veine, il ne manquera pas de s’adosser à l’expérience algérienne pour mettre l’accent sur l’impératif de «permettre aux jeunes compétences arabes, ô combien nombreuses, de prendre l’initiative, d’innover et de participer à conforter toute orientation vers l’intégration arabe, mais également d’adhérer fortement et efficacement à un monde intrinsèquement interconnecté et compétitif», expliquera- t- il, à côté, notera-t-il, d’un environnement motivant à garantir à travers, notamment «l’exploitation du Fonds monétaire arabe (FMA) et des fonds arabes existants pour apporter aide et assistance aux pays qui en ont le plus besoin», a préconisé le chef de l’Etat.
C’est, en tout état de cause, ce à quoi tendait le Sommet d’ Alger qui constitue, de fait, un jalon important dans le renforcement de la solidarité arabe, au moment où les conjonctures régionale et internationale exceptionnelles restent marquées par la montée de tensions et de crises, particulièrement dans le monde arabe.
Dans ce contexte, les dirigeants arabes ont apporté leur pierre à l’édifice en saluant les propositions «constructives» du président Tebboune dans leur communiqué final, plaidant à leur tour pour une « conjugaison des efforts en vue de consolider les capacités arabes collectives en matière de riposte aux défis posés dans les domaines de la sécurité alimentaire, sanitaire et énergétique et de lutte contre les changements climatiques», peut- on lire sur le document.
Enfin, il serait utile de rappeler que le président tunisien, et président sortant de la 30e session du Sommet arabe, Kaïs Saïed, celui d’ Azerbaïdjan, Ilham Aliyev, président en exercice du Mouvement des Non-Alignés, du Sénégal, Macky Sal, président en exercice de l’Union africaine (UA), Macky Sal, le secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmed Abou El Gheit ainsi que le secrétaire général de l’Organisation des Nations unies, Antonio Guterres, invité d’honneur, ont eu à intervenir lors des travaux de ce 31e sommet arabe porteur de promesses, à la hauteur des attentes des peuples de la ‘’Ûmma’’.
A. K.