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Monétique : Cap sur la massification

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Comment arriver à bousculer l’esprit mercantiliste fortement chevillé, dans le fond, à la tradition séculaire de la thésaurisation par le bas de laine ; ce alors que l’univers de la digitalisation tourne à la vitesse grand V ?
En la matière, l’Algérien, qui n’est pas assez accompagné pour intégrer l’asphère financière, voit en général très mal la manipulation de ses fonds par le clic dans le e-commerce ; aidé il est vrai, dans ses appréhension par des cas de figure, parfois, de malversation et d’esbroufe retentissants.
D’où des trésors de veille et de sécurité à mettre en œuvre par les tenants de la promotion de la généralisation de la monétique ainsi que, du reste, d’un travail pédagogique léché et solidement adossé à une communication fructifère et sans faille. Des signaux positifs, pourtant, qui émanent essentiellement des ménages jusque- là, enclins à brasser les voies de la modernisation mais cela reste peu ; les gros détenteurs de fonds, les commerçants, s’arc- boutant ferme à leurs propres dogmes, rendant l’équation difficile pour faire émanciper les paiements électroniques.
Du pain sur la planche, pour les acteurs concernés par la génération des paiements électroniques et plus particulièrement les banques et leurs satellites, mais l’effort est là et la machine avance à son rythme, plus sûrement que jamais.

Par Hacène Nait Amara

Devant un tel défi amplifiant chaque jour sur le chemin de la généralisation de la monétique, les  entités économiques dédiées à cet effet en Algérie ont dû accorder leurs violons avec l’objectif fondamental de permettre à la digitalisation des moyens de paiement d’atteindre sa vitesse de croisière.
Il faut dire que depuis toujours, les trois acteurs ont retenu une approche plutôt collective pour ce faire, conscient que la défection ou faiblesse d’un seul maillon de la chaine entrainerait des difficultés en série.
De même, faut-il souligner, le processus de la digitalisation des outils de paiement, et qui a été entamé depuis plusieurs années déjà, est devenue un axe stratégique pour les banques et autres établissements ainsi que pour de nombreuses entreprises qui font de la numérisation un enjeu de développement et de croissance.
Aussi, le processus d’ensemble, incluant outils et solutions monétiques, qui se déploie progressivement mais sûrement, « devrait atteindre le stade de massification en décembre 2023 », selon ses promoteurs qui rappellent la décision du Gouvernement, tel que stipulé dans la loi de finances complémentaire 2022, de fixer sa généralisation effective au 31 décembre 2023 et ce afin de permettre à l’ensemble des acteurs de l’opération de lever tous les écueils pouvant l’entraver.
Dans cette optique, des pistes ont été identifiées pour insuffler une nouvelle dynamique à cette opération, notamment la nécessité d’ouvrir le créneau et accroitre le nombre des intervenants dans le processus pour accélérer son rythme.
Concernées en premier chef, les banques, auxquelles revenait la charge d’acquérir les terminaux de paiement électronique (TPE) au profit des commerçants, ont pleinement souscrit à cette démarche et lancé depuis 2017 leur société de services interbancaires (SSB), lui assignant comme mission d’acquérir et installer les TPE pour leur compte.
Force est d’admettre que pareil investissement était devenu incontournable pour les banques, tant l’externalisation de cette activité leur permet, d’un côté, de se concentrer sur leurs métiers de base et, de l’autre, d’accélérer la cadence de démocratisation de la monétique.
Cela d’autant qu’un maillon important de la chaine, et comme souligné déjà, constitue le grain de sable qui ralentit la course à la généralisation de la monétique, contrariant la stratégie mise en place. De fait, les commerçants détenteurs de gros fonds et qui auraient allégrement boosté le e- commerce, font montre d’une certaine résistance aux progrès du numérique, sur ce plan précis du moins et tournent le dos à a souscription aux TPE.

Un potentiel important
Il reste toutefois utile de souligner qu’en gros, le potentiel du marché demeure important au vu du nombre croissant en porteurs de cartes de paiement. Malheureusement les indicateurs du TPE sont à la traine.
La création de la SSB viendra- elle à bout des réticences ? A tout le moins la démarche s’apparente à un pas en avant prometteur et sûr.
Chasse gardée et réservées aux seuls banquiers, cet important levier dédié à la facilitation de la pratique des TPE peut effectivement contribuer grandement à résoudre l’équation de généralisation de la monétique, à charge pour ses promoteurs de mettre le paquet sur les volets communication et marketing pour ‘’faire descendre le commerçant du maquis’’.
Dans les faits, il s’agira de séduire d’abord, puis conquérir les commerçants domiciliés ; à travers des formules leur permettant d’acquérir en toute sérénité les TPE et d’intégrer, ainsi, le réseau monétique.
Par ailleurs, il y a lieu de dire que la monétique se doit d’être ‘’un terrain de chasse’’ à élargir à d’autres acteurs, dont les startups spécialisées dans le paiement mobile, le paiement par Internet, le paiement sans contact et autres solutions monétique.
Vu sous cet angle, la création de la structure interbancaire, SSB, permet donc de prendre en charge et d’accélérer dans les nouveaux métiers de la monétique à travers leur externalisation.
En creux, un pôle de compétences dédié à l’acquisition, à l’installation et à la maintenance des TPE, mais aussi à l’accélération de la cadence afin de pouvoir être au rendez-vous de la généralisation en décembre de l’année prochaine.
Une échéance qui dépend aussi du développement d’autres moyens de paiement, dont le paiement mobile ; le plus sollicité par les ménages, compte tenu de leur forte tendance à l’usage de la téléphonie mobile.
In fine, et le projet nécessitant des aménagements d’ordre réglementaire, l’idée serait, à la fois, de multiplier les acteurs, les outils et les solutions monétiques, renforcer la coordination et la coopération entre les différents acteurs et maillons de la chaine afin d’insuffler une nouvelle dynamique à l’opération. En tout état de cause, cette redistribution des prérogatives illustre la volonté et l’ambition de l’ensemble des acteurs et intervenants dans le domaine de la monétique de hâter le pas vers une digitalisation à grande échelle des moyens de paiement. Lancée, la machine progresse à son rythme ; doucement mais sûrement.
H. N. A.

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