Plusieurs professionnels du secteur de l’après-vente automobile ayant pris part à la 12e édition du Salon Equipe Auto 2018 qui s’’est tenu le 26 février écoulé à la Safex des Pins maritimes d’Alger, ont exprimé leur optimisme quant à la possibilité de développer un «fort réseau» de sous-traitance automobile en Algérie, permettant d’accompagner les efforts de l’Etat pour l’instauration d’une industrie mécanique locale homogène et complémentaire.
Par Achour Nait Tahar
Intervenant lors d`une conférence-débat sur le développement du secteur automobile en Algérie et son tissu industriel local, organisée en marge de l’ouverture de la 12 ème édition du Salon Equip auto Algeria 2018, ces professionnels ont appelé cependant «au maintien des importations de la pièce de rechange, tout en s’engageant dans une politique de développement d’une industrie locale en la matière». «Nous sommes très optimistes quant aux capacités de notre pays de développer un fort réseau de sous-traitance automobile, mais il nous faudra une période transitoire, car ce genre de projets nécessitent de l’argent, de la technologie et de la formation», a estimé Faycal Daoudi, directeur général d’une société spécialisée dans la commercialisation de la pièce de rechange et équipements mécaniques. «La restriction sur les importations pénalisera un parc de 6 à 7 millions de voitures», a-t-il indiqué, ajoutant que «la maintenance de ce parc par des produits importés doit se faire en parallèle avec le lancement d’une industrie locale qui substituera progressivement aux produits importés». Un avis partagé par plusieurs professionnels présents à cette conférence qui ont estimé que «l’urgence» est de faire face à l’importation des produits contrefaits. D’ailleurs, lors de ce salon, et suite à une plainte du constructeur Renault Algérie, les services de la douane algérienne, sont intervenus auprès de plusieurs exposants, notamment chinois, afin d’ôter des affiches portant la marque française sur leurs stands, mais également la saisie de produits non certifiés par Renault, a-t-on constaté sur place. Renault Algérie a procédé à la vérification de l’authenticité et l’originalité de pièces de rechanges commercialisées sous son emblème auprès de plusieurs exposants étrangers et même algériens, a précisé à l’APS la responsable de la communication du Salon Equip auto Algeria 2018, Halima Bourouis, précisant que le constructeur à fait valoir son droit de ne permettre qu’a ses produits homologués d’être exposés et commercialisés. Par ailleurs, d’autres importateurs algériens ont révélé que plusieurs projets sont en cours de réalisation au niveau local en partenariat avec des fournisseurs étrangers, à l’image d’une usine de batterie de véhicules dans la wilaya de Bouira. «Nous construisons actuellement une usine de batterie à Bouira en partenariat avec notre fournisseur coréen. Son taux de réalisation a atteint les 20% et elle devrait être opérationnelle avant la fin de l’année en cours», a indiqué Karim Nemri, responsable commercial d’une société algérienne spécialisée dans l’importation et la commercialisation des batteries. Des fournisseurs étrangers, rencontrés au Salon, ont également émis le souhait de développer des partenariats mixtes avec des opérateurs algériens pour la construction d’usine de fabrication d’équipements et pièces de rechanges pour véhicules. «Le marché algérien est très attrayant et si nous sommes ici, c’est pour pouvoir décrocher plus de parts dans ce marché dans lequel nous évoluons depuis des années. Notre objectif n’est pas seulement de commercialiser nos produits, mais, on est également à la recherche de partenaires algériens pour étudier la possibilité de construire une usine pour la fabrication de certains de nos produits», a indiqué Orhan Erdim, responsable des exportations d’une multinationale turque, spécialisée dans la fabrication et exportations des pièces mécaniques pour les véhicules touristiques. Un avis que partage Yimai Zhang, responsable d’une société chinoise souhaitant s’installer en Algérie, précisant que «des négociations sont déjà entamées avec des opérateurs algériens pour la création d’une usine mixte en Algérie». En outre, des exposants algériens ont fait part des difficultés rencontrées sur le terrain pour la concrétisation de projets industriels ou même l’importation de produits destinés au développement de l’industrie locale, notamment «la lenteur et la complexité des procédures administratives et bancaires». Pour un importateur de pneus, représentant d’une marque mondiale, «l’exigence de domicilier une opération d’importation et attendre un mois sa validation, alors que l’argent a déjà été versé à la banque, pénalise les fournisseurs de renommée et leur fait perdre des parts de marché face aux concurrents, ce qui les dissuade de venir investir, au moment où on a plutôt besoin de les encourager à venir».
Des fournisseurs de Chine, Pologne ou Portugal ont eu une participation officielle à cette manifestation professionnelle, alors que les autres participants viennent principalement d’Allemagne, Belgique, Bulgarie, Corée du Sud, Emirats Arabes Unies, France, Inde, Royaume-Uni, Serbie et Tunisie. Le salon a enregistré, par ailleurs, une participation «record» des sous-traitants algériens, avec prés de 15% du nombre total des exposants algériens, selon les organisateurs, Plus de 10.000 visiteurs professionnels sont attendus au Salon qui regroupe des équipementiers, fournisseurs et marques leaders de l`équipement automobile dans le monde, ainsi que les principaux importateurs et fabricants algériens de pièces de rechange et de matériels de garage.
A. N. T.