Créée en 2011, Amana Assurances est une filiale produit du partenariat conclu avec le mutualiste français Macif, dans le cadre de la règle régissant les investissements 51/49. Ses actionnaires sont la SAA, la BDL et la BADR. Spécialisée dans l’assurance de personnes, Amana Assurances enregistre chaque année de belles performances, bien que les deux dernières années de pandémie aient quelque peu fait reculer ses résultats, notamment en ce qui concerne l’assurance voyage. Son Directeur général, ABDI Mohand-Outabet, nous en parle et évoque, dans cet entretien, les ambitions de la société.
Entretien réalisé par Hacène Nait Amara
Amana Assurances boucle 10 années d’existence en Algérie. Quel bilan faites-vous de son évolution sur le marché algérien ?
Amana est d’abord une belle aventure. Je l’ai toujours dis par le passé, c’est une expérience, un projet de joint-venture et de partenariat algéro-français qui a très bien réussi à plus d’un titre. On peut voir ce partenariat, que ce soit en termes de relation au niveau du Conseil d’administration ou de fonctionnement de la société de manière générale, à travers cette image que dégage la société dont le capital est à 59% public et 41% détenus par le groupe français d’assurances Macif.
De l’extérieur, Amana est vue, grâce à son management moderne, comme une entreprise privée. Une gestion flexible centrée sur l’écoute et l’expérience client. Il faut savoir que notre business modèle est unique en Algérie dans le secteur des assurances du fait qu’il s’appuie sur un réseau de partenaires de plus de 1000 Points de ventes réparties sur le territoire national.
Durant ces dix ans d’existence sur le marché, Amana a pris une place sur le marché algérien. Elle a été sur le podium pendant plusieurs années, en termes de chiffre d’affaires. C’est une société d’assurance de personnes, avec une qualité de prestation très élevée. Elle est classée première en matière d’assurance santé en Algérie, dépassant le milliard de dinars de chiffre d’affaires en 2021. Nous avons une gamme de produits très diversifiée et nous sommes en évolution constante, malgré la situation actuelle liée notamment à la crise sanitaire. Amana est une société qui a démarré, dès la première année, avec des résultats positifs, en termes de chiffre d’affaires et de bénéfices. C’est une société jeune par ses ressources humaines, avec une moyenne d’âge de 36 ans. Cette composition nous donne beaucoup d’énergies et on croit arriver à des niveaux d’évolution très appréciables, surtout en matière de qualité de service.
Comment évaluez-vous la perception des produits d’assurance de personnes par le citoyen algérien ?
Je dois rappeler d’abord que, partout dans le monde, il y a eu une séparation entre l’assurance vie et l’assurance non vie. En Algérie, il y a eu une séparation entre l’assurance dommage et l’assurance de personnes pour booster un peu l’assurance vie qui n’est pas très importante, puisque l’essentiel de ce qui se fait dans cette branche est lié à l’assurance des crédits pour immobilier ou consommation. Il faut dire, à ce propos, que la culture d’assurance d’une manière générale est encore faible en Algérie, plus particulièrement pour l’assurance de personnes. Mais je reste très positif, en ce sens que nous avons aujourd’hui beaucoup de moyens et d’outils qui peuvent nous aider à rentrer facilement dans les foyers Algériens et proposer les produits d’assurances de personnes. Je peux citer les médias sociaux sur lesquels nous avons énormément tablé pour vulgariser nos produits. A mon sens, le manque de culture d’assurance est aussi lié à cette problématique de vulgarisation. Les assureurs, par le passé, n’ont pas eu autant de moyens pour vulgariser leurs offres et faire connaitre leur activité. C’est pourquoi j’appelle tous mes confrères à aller dans le sens de la vulgarisation qui va apporter, dans le futur, des résultats et une meilleure perception de l’offre assurancielle. Le consommateur algérien a beaucoup changé et utilise aujourd’hui les réseaux sociaux et l’e-paiement, d’où le potentiel très important qui se présente. Il reste à nous, les gens du métier, à faire le nécessaire pour présenter des offres d’assurances viables et de qualité. L’assurance n’est pas une simple opération de souscription. Elle nécessite l’accompagnement et la prise en charge de l’assuré en cas de sinistre, lorsqu’il est malade ou il a un évènement malheureux. Amana a, justement, cette ambition d’être au quotidien, au coté de ses assurés et de ses adhérents.
L’assurance voyage s’est vue réduite à néant, après la fermeture des frontières à cause de la pandémie de Covid-19. Comment Amana Assurances a-t-elle vécue cette situation et comment s’en est-elle sortie ?
Nous avons fortement ressenti la crise sanitaire pas uniquement pour l’assurance voyage. Mais il faut savoir que cette branche représente environ 25% du portefeuille de la société, heureusement. Nous avons su nous diversifier avec le temps, d’autant que l’assurance voyage est un produit fragile. Durant la crise, elle s’est complètement arrêtée. En 2021, ca a repris mais pas avec les volumes qu’on a connus par le passé. A l’instar de tout le marché des assurances de personnes, Amana a effectivement souffert du fait de la perte de ce produit qui permet d’avoir de la liquidité et de dégager des résultats.
Ce contexte sanitaire exceptionnel et inédit a permis à amana de développer sa gamme de solutions et d’offres d’assurance dédiées aux particuliers.
Nous travaillions constamment afin de proposer aux clients des canaux de contacts plus accessibles et adaptés et qui peuvent se réaliser à distance.
Par exemple, nous avons donné la possibilité à nos assurés de prévoyance et santé collective d’effectuer leurs demandes et suivi des remboursements sans se déplacer, en ligne directement sur leur espace santé dédié.
Nous avons aussi généralisé le service tiers-payant pour des soins sanitaires auprès de prestataires payés par nos soins ultérieurement. Nous avons, par ailleurs, solidifié nos structures en interne sur le plan organisationnel et développement des produits. Deux nouveaux produits ont été ainsi mis sur le marché, à savoir l’épargne et l’assurance santé individuelle. L’épargne, lancée en 2021, n’a pas encore enregistré des chiffres intéressants, la place financière n’étant pas encore prête à ce genre de produit. Nous travaillons d’arrache-pied pour développer cette branche qui représente, dans le monde, l’essentiel de l’assurance vie. C’est la raison pour laquelle nous avons mis en place tous les outils nécessaires pour pouvoir accueillir convenablement nos futurs assurés qui seront certainement différents de ceux d’aujourd’hui. Nous avons aussi développé une plateforme pour le suivi en ligne des comptes de nos épargnants et nous sommes les seuls à avoir ces outils. Quant à l’assurance de santé individuelle pour lequel nous avons souscrit beaucoup de contrats en 2021, elle n’est pas encore fortement développée mais nous souhaitons en faire notre cheval de bataille. C’est un produit qui est très simple, accessible à tous, à travers le net et le réseau traditionnel, avec une indemnisation – une première en Algérie – qui est à 100% digitalisée.
Comment se porte l’assurance santé destinée aux entreprises ?
En 2020, nous avons bénéficié des effets du confinement strict. C’est pourquoi nous n’avons pas eu beaucoup de frais de santé à rembourser. En 2021, la sinistralité a été très importante et nous avons eu à rembourser des frais énormes au point où ce produit risque d’être déséquilibré. Mais nous avons également une partie prévoyance pour les entreprises représentée principalement par la garantie décès. Nous avons enregistré une augmentation de cas décès à la Covid-19 pour lesquels la compagnie a déboursé des montants importants pour indemniser leurs familles. C’est pour vous dire que Amana assurances tiennent à ses engagements contractuels avec ses clients, et ce, en toute circonstance.
Amana assurances prévoyait d’élargir l’assurance sociale complémentaire aux particuliers, ouverte à tous. Où en êtes-vous aujourd’hui ?
Nous avons effectivement lancé, en 2021, le produit santé individuelle, soit santé pour tous. C’est un produit destiné à tous les Algériens, sans distinction aucune, qu’il soit salarié, chômeur, étudiant, déclaré à la CNAS ou non. Nous avons évidement pensé au budget, en proposant trois formules : la basic, la médium et la gold. Le budget et les couvertures pour ces trois formules sont différents. Sur le plan commercial, nous avons voulu le développer d’abord au niveau des professionnels et un nombre important de conventions a été signé avec des organisations professionnelles pour toucher un large public. En fin 2021, nous avons testé une opération qu’on a appelé coup de poing, en accordant une réduction très intéressante. En l’espace d’un mois, pas mal de contrats ont été souscrits et nous avons été agréablement surpris du résultat. La société compte énormément sur ce produit pour le généraliser, d’autant qu’il est digitalisé, de bout en bout. J’appelle, à ce propos, tous ceux qui n’ont pas une mutuelle santé de souscrire à ce produit qui n’est pas du tout cher au vu des garanties qu’il offre.
Comment voyez-vous le rôle des assurances dans le développement de l’économie du pays ?
Pour moi, le marché des assurances est la colonne vertébrale de l’économie d’un pays, à double titre. D’abord, il permet de sauvegarder, pour l’entreprise, ses outils de production en cas de sinistre, et pour les individus leur budget. Les assureurs dommage prennent en charge les conséquences éventuelles d’un sinistre qui peut remettre en cause la santé financière de n’importe quelle entreprise sur le marché. Il s’agit aussi d’un secteur pourvoyeur de fonds qui génère une épargne importante à long terme. Notre économie a justement besoin de cette épargne pour se développer et financer d’autres projets. C’est pourquoi il faut faire très attention et être solidaires, notamment en matière de recouvrement. Je préconise qu’il y ait une centrale de risque liée aux assureurs pour permettre à chaque acteur d’avoir une information avant de s’engager avec un quelconque opérateur économique. Il y a aujourd’hui énormément de contentieux au niveau des tribunaux et avant d’arriver à cette étape, les procédures à l’amiable sont beaucoup plus préférées pour régler ce genre de contentieux. Un contrat d’assurance qui n’est pas payé ne peut pas avoir une qualité de prestation à la hauteur des exigences. C’est pourquoi il faut revenir au b.a.- ba de l’assurance qui est celle de payer la prime et d’attendre une prestation convenable, ou ce qu’on appelle en assurance, le cycle de production inversé.
H. N. A.