La Société Algérienne de Gestion du réseau de transport du gaz (GRTG), filiale du Groupe Sonelgaz, à travers un réseau de conduites de plus de 22 600 km, assure l’acheminement du gaz naturel sur l’ensemble du territoire national pour garantir l’approvisionnement en gaz naturel des consommateurs du marché national. Son PDG M. Cherif Zeghoud revient, dans cet entretien qui suit, sur l’évolution de l’activité de transport du gaz en Algérie ainsi que les projets de développement attendus dans ce secteur.
Entretien réalisé par Hacène Nait Amara
De prime abord, qui est le GRTG et quelles sont ses missions ?
Avant de présenter le GRTG d’aujourd’hui en tant que Société, il est nécessaire de rappeler que l’activité de transport du gaz en Algérie existait depuis 70 ans. L’organisation du secteur de l’électricité et du gaz en Algérie a connu plusieurs transformations depuis les années 60. Ces transformations ont eu un impact direct sur l’organisation de la Société Sonelgaz, chargée de la production de l’électricité, du transport et de la distribution de l’électricité et du gaz et de la commercialisation de l’énergie à travers des structures qui étaient jusqu’à 2002 verticalement intégrées.
Avec l’avènement de la loi 02-01 du 05 février 2002 relative à l’électricité et à la distribution du gaz par canalisations, le secteur de l’électricité et du gaz a connu une nouvelle transformation et une réorganisation basées sur une ouverture du marché de l’électricité et du gaz en Algérie, d’où la création de la Société la Société Algérienne de Gestion du Réseau de Transport du Gaz, GRTG.Spa en janvier 2004. Le GRTG est une entreprise commerciale, filiale dont les actions sont détenues en totalité par Sonelgaz.
Le réseau de transport du gaz pour le marché national est un monopole naturel. Sa gestion est assurée par le GRTG qui en reste le propriétaire. Le GRTG doit assurer les fonctions d’exploitation, de maintenance et de développement du réseau de transport du gaz en vue de garantir une capacité adéquate par rapport aux besoins de transit et de réserve. Il exerce aussi la gestion du système gazier destiné au marché national. Celui-ci assure la coordination des flux de gaz et veille en particulier à l’équilibre permanent entre consommation et livraison, à la sécurité, à la fiabilité et à l’efficacité de l’alimentation en gaz. Donc, notre mission, qui est une mission de service public, est d’approvisionner le marché intérieur en gaz naturel dans de bonnes conditions de sécurité.
Quelle vue d’ensemble peut-on donner aujourd’hui du réseau algérien de transport de gaz ?
Depuis l’Indépendance jusqu’à l’année 2 000, nous avons réalisé quelques 4 400 km de réseau de transport du gaz et 85 postes gaz pour satisfaire un besoin national de 12 milliards de mètres cubes de gaz. Le réseau était concentré spécialement sur la partie nord du pays avec une couverture de seulement quelques régions importantes.
Le nombre de communes alimentées était de 281 communes soit un taux de raccordement de %
Les décisions prises par les pouvoirs publics pour la gazéification du pays à travers plusieurs programmes mis en en place, pour alimenter en gaz naturel les zones les plus éloignées et déshéritées du pays, notamment les hauts plateaux et le sud, et améliorer les conditions de vie des citoyens, à travers les lourds investissements décidés, a vu le développement du réseau de transport gaz d’une façon vertigineuse.
Aujourd’hui, le réseau de transport du gaz du GRTG s’étend sur plus de 22 600 km assurant ainsi un taux de couverture national de 62%. Le nombre de postes gaz est passé de 95 à plus de 5 000 postes, et une consommation nationale de plus de 40 milliards de mètres cubes.
Sur les 1541 communes, 1418 chefs-lieux de communes sont alimentés en gaz naturel, soit un taux de desserte de 92%. Ce nombre atteindra les 1 497 chefs-lieux de communes 97% à fin 2020 soit un taux de desserte attendu de 97 %.
Aujourd’hui, ce développement touche le grand sud du pays dans les localités les plus reculées, offrant aux citoyens de ces régions le même confort que celui dont bénéficient les citoyens du Nord. On peut citer les régions de Adrar, Béchar, Tamanrasset, el Goléa, Illizi et Djanet ainsi que plusieurs autres localités du grand sud Algérien.
Il faut souligner aussi que ce développement du réseau de transport du gaz du GRTG a contribué énormément dans le développement de l’économie nationale à travers l’émergence de plusieurs industries suite à la disponibilité du gaz.
Quels sont les principaux axes sur lesquels repose la stratégie de développement du réseau de transport de gaz arrêtée par le GRTG ?
Lorsqu’on parle d’axes de développement, on est amenés à parler de prévisions et de vision stratégique sur le futur. Dans ce sens, Sonelgaz a élaboré un plan stratégique à l’horizon 2035 auquel toutes les filiales du groupe, dont GRTG, adhèrent.
Nous avons déjà entamé notre projet de réorganisation de la Société pour faire face aux changements dans le secteur et au développement de notre réseau pour une meilleure gestion de nos ressources humaines et matérielles et dans un but d’améliorer la qualité de service à nos clients.
En ce qui nous concerne, pour ce qui est du volet « international » par exemple, le GRTG est en mesure de développer ses activités dans des pays africains et d’y exporter son savoir-faire. Au plan national, nous réalisons notre plan de développement en fonction de l’évolution de la demande par rapport aux besoins futurs en consommation de gaz naturel, qu’elle soit domestique, destinée à l’alimentation de centrales électriques ou à l’usage industriel.
Ce plan est établi sur une période de 10 années et contient les infrastructures à réaliser ; Pour la précision, le GRTG aura à transporter, d’ici 10 ans, pas moins de 60 milliards de m3 de gaz/an.
Il faudrait donc maintenir une évolution physique constante du réseau et nous allons en réaliser quelque 2 600 à 2 800 km supplémentaires, avec un montant d’investissement de près de 200 milliards de dinars.
Il s’agira aussi, une première en Algérie, de réaliser un Centre National de Surveillance, avec trois centres régionaux à Constantine, Alger et Oran.
Numérisation dans la gestion
Nous comptons aussi, très prochainement, créer deux autres régions au sud-est et au sud-ouest du pays pour mieux maitriser la gestion du système. Le GRTG est en train de développer, également, une nouvelle activité « télécoms », à travers le déploiement d’un réseau de fibre optique, déjà installé sur pas moins de 5 000 km du réseau de gaz. Ce réseau de fibre optique nous sert pour la gestion de notre système et sera raccordé au Centre National de Surveillance et aux centres régionaux. Nous avons d’ailleurs établi des conventions avec Algérie Télécom pour mettre à sa disposition le surplus de fibre optique.
Le GRTG est chargé, également, de la gestion du système gazier. Nous disposons, pour cela, de plusieurs mini-stations dédiées à la surveillance à distance de notre réseau, mais nous sommes actuellement sur un projet d’installation d’un Centre National de Surveillance, semblable à celui utilisé par l’opérateur du système électrique.
Où en est la mise en conformité du réseau algérien de transport de gaz ?
Le réseau de transport du gaz du GRTG est constitué de canalisations en acier enterrées exploitées entre 20 et 70 bars, il est équipé de postes de prélèvement du gaz sur les gazoducs de Sonatrach, des postes de sectionnements servant à isoler le réseau en cas d’incidents, de postes de détente et de livraison pour baisser la pression en fonction des zones traversées ou pour les besoins des consommateurs finaux.
Lorsqu’on parle de mise en conformité, on entend par là la mise à jour du réseau. Si vous allez dans n’importe quel pays développé de l’Europe, par exemple, vous allez trouver le même réseau que nous avons dans notre pays, réalisé et exploité aux normes internationales, avec un matériel aux standards internationaux.
Aujourd’hui, nous pouvons connaître exactement l’état de nos gazoducs et le degré de corrosion sans les déterrer ; nous ne pouvons pas se permettre un défaut sur une canalisation car les conséquences d’un quelconque incident seraient dramatiques. Chaque année, nous avons un programme d’inspection et d’entretien de canalisations et nous devons intervenir là où il le faut. Je peux citer l’exemple du gazoduc Relizane-Alger de 288 km, datant de 1961, et qui a été carrément remplacé, c’est-à-dire, mis en conformité.
Pouvez-vous nous expliquer la chaîne commerciale et d’approvisionnement du marché national de gaz naturel ?
La chaine gazière en Algérie, constitue les différentes étapes depuis la production du gaz naturel jusqu’au consommateur final.
Le gaz naturel est produit par Sonatrach à partir des champs de production au sud de l’Algérie, à la sortie des puits, le gaz est traité à travers des unités de traitement puis injecté sur un réseau de canalisations en acier (gazoducs) enterrées , exploitées à une pression de 70 bars. Le réseau de Sonatrach est équipé de stations de compression de gaz, installées en surface, pour pouvoir le transporter sur de longues distances. Le réseau du transport du gaz du GRTG, qui a les mêmes caractéristiques que celui de Sonatrach, est raccordés sur différents points des gazoducs de Sonatrach, où le gaz est prélevé pour le réacheminer le gaz vers les différents points de consommation sur tout le territoire national.
Donc, le réseau de transport du gaz du GRTG alimente tous les consommateurs du gaz se trouvant sur le territoire national. Il alimente les consommateurs haute pression qui sont alimentés directement à travers des raccordements directs sur le réseau du GRTG et qui sont les unités de production de l’électricité qui utilise le gaz pour la production de l’électricité, les unités industrielles grosses consommatrices du gaz. Les réseaux de distribution du gaz sont raccordés au réseau du GRTG à travers des postes de détente livraisons dont le rôle est de baisser la pression de 70 à 04 bars en vue d’alimenter les clients moyenne et basse pression. A partir des réseaux de distribution, le gaz est distribué et commercialisé en utilisant des détendeurs pour passer à une pression d’utilisation des consommateurs finaux (21 millibars pour les ménages).
Du point de vue commercial, Sonatrach est le seul fournisseur du marché national en gaz naturel donc le seul vendeur du gaz. Les clients de Sonatrach sont soit des clients acheteurs du gaz directement de Sonatrach à travers des contrats d’achat et de vente de gaz entre Sonatrach et ses clients.
Les filiales de Sonelgaz sont des clients de Sonatrach.
Les centrales électriques (68) appartenant à une filiale de Sonelgaz (société de production d’électricité), mais aussi les producteurs indépendants d’électricité regroupés au sein de la SKE, les distributions publiques qui relèvent des filiales de Sonelgaz (2 064) et enfin la SADEG pour lui permettre de distribuer le gaz aux clients finaux, notamment les clients industriels (254). En plus des utilisateurs du réseau cités ci-dessus, il y a 14 clients qui sont alimentés directement par Sonatrach mais pour lesquels nous assurons aussi le transport de gaz.
La chaîne gazière est constituée du « producteur-fournisseur de gaz », en l’occurrence Sonatrach, et des « clients-acheteurs » qui sont la filiale de distribution, la société de production d’électricité et autres clients.
Quant aux clients industriels, certains sont raccordés directement sur le réseau de transport de gaz mais restent, quand même, des clients de la société de distribution.
Il en est de même pour la société de production d’électricité (SPE) qui paye directement Sonatrach mais loue le réseau de GRTG pour se faire livrer le gaz. Cette relation est gérée par un seul contrat et le GRTG est désigné comme interlocuteur vis-à-vis de Sonatrach. Sur les 40 milliards de m3 de gaz que nous transportons, 3 milliards de m3 vont aux clients de Sonatrach, le reste est consommé par Sonelgaz et ses clients.
H. N. A.