La Commission d’organisation et de surveillance des opérations de Bourse (Cosob) a reçu en 2020 deux nouvelles demandes d’introduction à la Bourse d’Alger, a indiqué à l’APS son président, Abdelhakim Berrah. Il s’agit de deux PME (petites et moyennes entreprises) qui ont déposé officiellement des demandes de visa de la Cosob (autorité de régulation du marché financier) afin de faire leurs entrées à la place d’Alger qui avait ouvert un compartiment dédié exclusivement à ce type d’entreprises en 2012, selon M. Berrah.
Par Kamelia Berkaine
a première demande concerne une société activant dans le secteur agro-alimentaire qui aspire à procéder à une levée de fonds de l’ordre d’un (1) milliard de dinars. Déposée par une PME activant dans le domaine du tourisme, la deuxième demande porte sur une opération d’émission des titres participatifs pour un montant global de 10 milliards de dinars, sur une période de trois ans en une ou plusieurs fois, selon le besoin. En 2019, la Cosob avait lancé une enquête dans l’objectif d’identifier les PME éligibles à l’introduction en Bourse. Ce travail a débouché sur l’identification d’une dizaine d’entreprises dont «une bonne part d’entres elles ont officiellement manifesté leur intention d’entamer leur processus d’introduction en bourse», affirme M. Berrah. S’agissant du marché principal de la Bourse d’ Alger, il devrait lui aussi, être alimenté par de nouvelles introductions parmi «les sociétés performantes qui contribueraient à la profondeur et la liquidité de notre marché».
En effet, trois sociétés devraient finaliser leurs processus d’introduction en Bourse, lancés déjà en 2019 et 2018. Ces sociétés activent dans les secteurs de l’agroalimentaire, travaux publics et la fabrication d’équipements industriels.
En outre, M. Berrah a affiché son souhait de lever le gel sur le processus d’introduction en Bourse de à huit (08) sociétés publiques, ce qui «donnera plus de crédibilité au marché financier algérien». Pour rappel, le Conseil des participations de l’Etat (CPE) avait donné, en 2013, son aval pour l’ouverture ou l’augmentation du capital social à travers la Bourse, à la banque CPA, aux trois cimenteries relevant du groupe GICA, à la compagnie d’assurance CAAR, à Cosider Carrières (filiale du groupe Cosider), à l’entreprise Hydro-aménagement et à l’opérateur historique de téléphonie mobile Mobilis. Cependant, aucune de ces entreprises n’a rejoint la Bourse d’Alger à ce jour. Evoquant l’impact de la pandémie de Covid-19 sur le processus d’introduction en Bourse, M. Berrah a assuré que la Cosob envisage d’assouplir «exceptionnellement» ces conditions en prenons en considération la baisse des chiffres d’affaires des entreprises en 2020 en raison de la crise sanitaire. «Pour être admise à la Bourse d’Alger, la société doit avoir réalisé des bénéfices durant l’exercice précédant sa demande d’admission. Mais pour l’année 2020, nous allons mettre en place une dérogation pour que la crise sanitaire ne soit pas un frein pour l’introduction en Bourse, à condition que la baisse du chiffre d’affaires soit liée directement à la pandémie et pas à d’autres raisons», a déclaré le premier responsable de la Cosob. Par ailleurs, M. Berrah a assuré que le travail d’implantation de la finance islamique et de ses instruments «suit son cours». Dans ce sens, il explique qu’en attendant la mise en place d’un cadre juridique approprié, la place d’Alger a développé des structures et des montages permettant l’émission de produits conformes à la Charia. Cette approche opérationnelle a été confortée par la mise en place récemment, au niveau du Haut Conseil Islamique (HCI), d’une structure composée notamment d’experts dans la finance islamique, ou dans ce qu’on appelle «Fiqh EL-Moamalat», en vue de se prononcer sur la conformité des produits financier par rapport à la charia, a-t-il relevé. Ainsi, «certains produits de la finance alternative peuvent être mis en place aisément sur le marché sans soulever la contrainte liée de l’absence d’ancrage juridique, souvent évoquée pour la non commercialisation de ce genre de produits». Il s’agit de titres participatifs dont la rémunération est basée sur un rendement espéré, précise M. Berrah soulignant que la mise en place de ce produit qui n’offre aucun intérêt fixe, a connu un succès et un engouement sur les marchés où il a été mis en place. Interrogé sur une éventuelle ouverture du marché financier aux investisseurs non résidents, en vue de leur permettre de réaliser des investissements en portefeuille, M. Berrah a estimé que ce moyen est «judicieux» pour faire connaitre le marché algérien à l’international. «Beaucoup de marchés, notamment dans des pays similaires au notre, se sont développés grâce à la contribution des investisseurs non résidents qui apportent, non seulement du capital, mais également un savoir-faire dans la gestion du portefeuille, permettant ainsi d’élever le niveau de professionnalisme auprès des intermédiaires financiers de notre marché», a-t-il noté. Cependant, cette ouverture doit être accompagnée par «un minimum de règles fixées telles que le taux maximum de titres qu’un investisseur peut en détenir dans le capital d’une société cotée ou de la durée de détention des titres avant la sortie du capital», selon M. Berrah ajoutant que l’Algérie pourrait bénéficier des différentes expériences des pays du Maghreb en matière de politique d’attractivité des IDE sur le marché boursier, en s’inspirant des différentes réformes entamées dans chaque pays. Concernant l’implémentation des plateformes informatiques à la Bourse d’Alger, M. Berrah a fait savoir que ce projet, mené par le consortium espagnol BME-AFI, dans l’objectif d’automatiser les systèmes d’information des institutions du marché financier (SGBV, COSOB, et Algérie clearing), est actuellement «en phase de test». Malgré le retard accumulé en raison de «facteurs indépendants au projet», les équipements informatiques prévus d’être livrés début 2019 ont été livrés à la Société de gestion de la bourse des valeurs (SGVB) au mois d’octobre 2019, rappelle M. Berrah.
K. B.