La 9e édition du Forum de Meet-Tic by Indjazat, sponsorisé par l’opérateur de téléphonie mobile, Mobilis, a accueilli, dans un contexte particulier de crise sanitaire, le PDG de Asmos Consulting, Ammar Khadraoui, pour un débat autour de la question de savoir comment les nouvelles technologies de l’information et de la communication (TIC) peuvent atténuer les répercussions de la pandémie sur l’économie nationale.
Par Hacène Nait Amara
l faut savoir d’abord que le bureau Asmos Consulting, spécialisé dans la transformation digitale, intervient auprès des entreprises et des organisations, de la réflexion stratégique à la refonte des activités, se basant notamment sur changement autour du capital humain comme principale approche. Son PDG pense, à ce propos, que certains changements pourraient intervenir au sein de beaucoup d’entreprises à cause de la crise sanitaire qui prévaut dans le monde et dans notre pays. Ces changements concerneront particulièrement le mode de gestion interne de l’entreprise et l’utilisation des TIC. En fait, la crise du COVID-19 a permis une prise de conscience sur la nécessité de revoir le modèle de gestion des personnels et de leur employabilité, mais aussi de donner encore plus d’intérêt au digital et au numérique. « Nous sommes déjà dans la prise de conscience de cet état de fait, et les Gafam (les grandes entreprise du numérique) vont accélérer leur stratégie », a indiqué M. Khadraoui. Pour lui, qui dit avoir vécu le confinement comme « générateur d’angoisse et de stress », cette période a été tout de même « enrichissante car ayant permis à beaucoup d’entreprises de repenser les modèles de gestion, les interactions, et de revoir les activités et le portefeuille client, de réinventer tout ce qu’on peut faire après le dé-confinement et après la crise ». Comment s’est fait concrètement le télétravail en cette période ? A Asmos Consulting, par exemple, « les employés ont été tous équipés d’ordinateur portable, disposaient de connexion Internet en plus de plusieurs outils permettant de structurer l’activité de l’entreprise et des applications favorisant le télétravail comme Zoom, une plateforme de visioconférence qui enregistre en moyenne 300 millions d’utilisateurs quotidiens », a expliqué l’invité des forums Meet-Tic. Et de préciser : « Le télétravail permet de remettre le mangement de la performance au cœur de la collaboration car, dans notre pays, nous avons trop socialisé l’entreprise au détriment de la performance ». Il faut dire cependant, que les entreprises ne sont pas toutes sur le même pied d’égalité en temps de crise, comme celle du Coronavirus. Selon le PDG d’Asmos, « ce sont les grandes entités et les multinationales possédant d’importantes capacités technologiques qui ont pu faire face aux conséquences de cette crise, au même titre que les entreprises qui ont des systèmes de gestion des données ouverts ».
Les entreprises les plus touchées par la crise sont celles « qui n’ont pas un système d’information assez performant et continuent de fonctionner avec des méthodes traditionnelles, l’usage du papier notamment», a fait savoir le même responsable, ajoutant qu’en réalité, « c’est une question de culture». Si l’entreprise dispose de tous les outils technologiques nécessaires mais ne possède pas la culture technologique en interne, elle se confronte à une vraie problématique a-t-il dit. Tout en estimant que la transformation digitale ne peut pas se faire à partir de rien, M. Khadraoui a indiqué que la digitalisation est d’abord un ensemble de données et de fonctionnalités qui doivent « servir à n’importe quel endroit, à n’importe quel moment et sur n’importe quel outil », soulignant aussi que «la digitalisation nécessite des données, de la fonctionnalité, un canal de communication et de commercialisation et du marketing digital ». Mais pour gérer tout cela, il faudrait disposer de lourds réseaux informatiques, spécialisés et conçus sous forme de systèmes, a expliqué encore le PDG d’Asmos Consulting, estimant que la digitalisation va de plus en plus se développer, à l’instar du secteur des SS2I (les sociétés de services numériques) ou encore du secteur des Star-up.
Sur un autre plan, et à la question de savoir comment ce développe le e-commerce en Algérie, l’invité du «Meet-Tic» a indiqué que le citoyen algérien s’intéresse réellement, aujourd’hui, au e-paiement et « exprime un grand engouement à tout ce qui a trait au paiement électronique ».
« Il s’agit toujours d’une histoire de volonté et de capacité d’action. En Algérie, nous avons quelque chose d’extrêmement formidable, à savoir cette capacité de latence extraordinaire. Mais lorsqu’on démarre, on va très vite ». Pour le PDG d’Asmos Consulting, l’écosystème « s’est bien organisé et nous avons énormément de commerce électronique, sauf que le paiement se fait à la livraison ». Aujourd’hui, poursuit-il « on commence à avoir les cartes magnétiques, ce qui reflète un niveau d’équipement intéressant. Certaines entreprises, y compris publiques, ont pris conscience de la nécessité de s’inscrire dans cette dynamique et ont mis leur service de paiement en ligne ». Durant la période de confinement, tout le monde « s’est rendu compte que pour mieux confiner les gens il faut leur donner la possibilité d’acheter sans se déplacer ». Et d’enchaîner : « Il faut être conscient d’une chose : Dans une situation où notre économie se trouve dans une extrême fragilité à cause de cette crise sanitaire, le paiement électronique ne peut être que bénéfique et un accélérateur, d’autant qu’il nous permet de maitriser encore mieux les transactions financières et bancaires et, donc, de les fiscaliser».
C’est la raison pour laquelle M. Khadraoui appelle les pouvoirs publics à «monétiser l’ensemble des investissements de l’Etat pour pouvoir récupérer la valeur ajoutée ». Il dira que la situation actuelle « nous exige de faire en sorte que les moyens de paiement soient accélérés, de prendre exemple sur les sociétés et les secteurs d’activité qui se sont le plus digitalisés, notamment le secteur des VTC (voiture avec chauffeur) qui est en ébullitions et enregistre une vraie concurrence entre une multitude d’acteurs et une bonne employabilité ». Pour lui, l’Algérie a « une capacité de logistique qui s’est bien développée » et qu’il faudrait exploiter pour développer le e-paiement. « Notre capacité à développer le e-paiement, qui est aujourd’hui critique, va se renforcer grâce à des secteurs qui sont au service de la clientèle, mais aussi avec la capacité des banque à délivrer des moyens techniques à l’adresse du grand public. C’est à la banque que revient l’obligation de promouvoir l’équipement nécessaire pour ce mode de paiement au sein des ménages », a-t-il insisté.
S’agissant du flux internet, l’invité de Meet-Tic a estimé «qu’avec une meilleure connexion à Internet, nous pourrons aller très loin».
H. N. A.