Leader du marché national des assurances, la Société Nationale d’Assurance (SAA) affiche, d’année en année, des performances plus que satisfaisantes. Son Président directeur général (PDG), Sais Nacer, explique, dans cet entretien, la montée en puissance de la compagnie qu’il dirige par l’adoption d’une stratégie axée sur la diversification prudente et sélective du portefeuille d’affaires. Le travail de modernisation auquel s’est attelé la SAA, durant ces dernières années, a permis, selon lui, d’asseoir les bases de sa pérennité commerciale lui assurant une rentabilité durable.
Entretien réalisé par Hacène Nait Amara
Quel bilan faites-vous de la SAA depuis votre arrivée à sa tête ?
Jusqu’en 2013, nous pouvons dire que la SAA a profité d’une période d’opulence qu’a connue notre économie et a pu réaliser une croissance à deux chiffres, du seul fait de l’assurance automobile qui représentait plus de 80% de son chiffre d’affaires. Avec la crise de 2014, et la chute des prix du pétrole, couplée à la baisse drastique des importations de véhicules, cette source s’est tarie et la SAA se devait de rechercher d’autres sources de chiffre d’affaires pour pérenniser sa croissance. D’où l’adoption de la diversification prudente et sélective du portefeuille d’affaires comme axe majeur de la stratégie de la société, afin de ramener progressivement la part relative de la branche automobile de 80 à 60% du portefeuille global par le développement d’autres segments d’activité. Aujourd’hui, cette stratégie commence à donner ses fruits, puisque nous réussissons année après année à faire une croissance même modeste, mais dans une diversification amorcée du portefeuille. Notre société est fière d’afficher un bilan où le poids de la branche automobile dans le portefeuille a reculé de 10 points en 7 ans, passant de 80% en 2012, à environ 73% en 2018 avec, il faut le souligner, une progression du chiffre d’affaires de la branche considérée. A fin 2019, il est prévu même que la branche auto soit en dessous de 70%, avec un chiffre d’affaires de plus de 29 Milliards de dinars, une première pour la SAA. Cela a été rendu possible grâce à la confiance dont nous investit notre clientèle, ainsi qu’aux efforts conjugués de nos partenaires et collaborateurs. En effet, la simplification de nos processus de vente et de souscription, la conception et la commercialisation de nouvelles garanties et nouveaux produits, tant en direction des particuliers que des entreprises a eu un écho très favorable auprès de nos clients et nous laissent optimistes quant à l’avenir. La mise à niveau de notre système d’information et l’amorce d’une digitalisation de nos process métier, ainsi que la place de plus en plus importante que nous accordons à la formation de nos employés, notamment aux techniques de vente et conseils à la clientèle, concourent à ce succès. En un mot, ces dernières années ont été mises à profit pour moderniser la SAA et asseoir les bases de sa pérennité commerciale et, in fine, de sa rentabilité durable.
Pourriez-vous partager avec nous vos axes prioritaires pour l’année 2020, ainsi que vos orientations stratégiques inscrites au titre de votre programme triennal 2019-2021 ?
Dans le corollaire des chantiers initiés en 2019, l’année 2020 a été indéniablement placée sous le signe de la transformation à la fois managériale et digitale. Nos orientations stratégiques sur les trois prochaines années peuvent se résumer par le triptyque suivant :
– Modernisation du système d’information ;
– Stratégie commerciale omni-canal ;
– Une démarche de centres de coûts partagés.
Cette année 2020 s’intéressera évidemment à notre business model et à notre organisation que nous essayons d’adapter à notre environnement, ainsi qu’à nos ambitions de développement, mais concerne également l’optimisation des processus métiers, à l’exemple de la démarche de traitement des dossiers d’indemnisation et d’expertise à distance en cas de sinistre. En fait, dans un contexte où l’innovation est la seule garantie contre la rupture d’activité, nous faisons de notre mieux pour figurer parmi les entreprises qui ont placé l’amélioration de la qualité des prestations rendues aux clients et l’innovation comme priorités. C’est ainsi que notre engagement, transcrit dans notre plan stratégique 2019-21, consacrera un intérêt particulier au développement de nos prestations. Ré-imaginer l’expérience client et promouvoir de nouveaux modes de travail par l’automatisation des flux d’information et la dématérialisation des processus documentaires : demandes d’assurance, demandes de remboursement de sinistres et communication avec les clients.
D’autres services à l’image de l’assistance (automobile, ou à domicile) et de la formule « tiers payant » avec nos deux partenaires Peugeot Algérie et Renault Algérie ; que nous proposons depuis un certain temps à nos clients, contribueront, à coup sûr, à accroître le degré de satisfaction de nos deux millions d’assurés, et c’est le but recherché. Par ailleurs, nous travaillons pour inclure, dans un avenir proche, dans notre gamme d’offres, des solutions pour les risques émergents, notamment les cybers-risk et les risques liés aux dérèglements climatiques. Le monde des entreprises ne sera pas en reste, puisque nous œuvrons continuellement à répondre à leurs attentes en mettant à leur disposition nos moyens humains en termes de visite et d’appréciation des risques, des produits d’assurance calibrés à leur taille, à la spécificité de leur activité et aux risques encourus. Nous travaillons également pour améliorer notre rôle d’assureur conseil en développant nos capacités de Risk-Management, afin d’accompagner nos clients dans le processus d’identification, d’analyse et de gestion des risques qui menacent leurs patrimoines, leurs personnels ou leurs situation financière.
Quel regard portez-vous sur le marché national de l’assurance : les leviers et les contraintes. Quid de la contribution de ce secteur à la croissance économique nationale ?
En dépit des efforts déployés par les différentes parties prenantes et du potentiel important que recèle notre économie, force est de constater que le secteur des assurances ne parvient pas encore à jouer pleinement son rôle de contributeur à l’essor de l’économie du pays, comparativement à ce qui est observé dans d’autres économies. La contribution du secteur dans la richesse nationale demeure marginale (0,7% en moyenne du PIB, et emploie moins de 0,2% de la population active).
Dès lors que notre objectif est de faire évoluer le taux de pénétration des assurances, afin de nous rapprocher de celui des pays comparables à l’Algérie, en termes de potentiel assurable, nous devons agir sur plusieurs fronts. Il est primordial de mettre progressivement fin à la pratique du «dumping tarifaire» à laquelle s’adonnent les acteurs car, une telle pratique n’est ni dans l’intérêt des assurés ni dans celui des compagnies d’assurances elles-mêmes.
La concurrence doit, cependant, se faire sur la qualité de service, sur l’innovation et sur le respect des engagements. Le fait de commencer, en ce qui concerne les règles, par prévoir des mécanismes empêchant les assureurs d’accumuler des dossiers sinistres non réglés pendant plusieurs années d’une part, et de veiller à ce que les provisionnements effectués correspondent réellement aux engagements vis à vis des assurés, constitueraient un début qui conduirait à stabiliser le marché et à lui éviter les situations de déséquilibre. Notre marché se doit retrouver les voies et moyens permettant le retour à l’orthodoxie et de jouer un rôle plus percutant tant en termes de couverture des biens et des personnes qu’en termes de financement de l’économie. Pour illustrer mon propos, concernant le rôle que joue l’assurance dans une économie, je citerai quelques exemples: la moitié des actifs industriels allemands sont la propriété des assureurs à travers la bourse notamment. Plus de la moitié de la capitalisation boursière du CAC 40 en France est la propriété des fonds de pensions américains, qui ne sont autre que des institutions pratiquant l’assurance de capitalisation (vie).
Pour conclure, quels seraient, selon vous les leviers déterminants à privilégier dans le cadre du programme de relance de l’économie nationale ? Que préconisez-vous en la matière ?
En premier lieu, nous appuyons avec enthousiasme la création d’un écosystème entrepreneurial en Algérie et l’effort multiplicateur de la création de start-up. Nous estimons, aussi, que la priorité se doit d’être dans le cuisant enjeu de ré-industrialisation de notre pays en passant par l’intensification et/ou le développement du tissu de PME/PMI, et d’encourager celles détentrices d’avantages en termes de compétitivité, afin de cibler l’export. Soutenir cet effort de ré-industrialisation et, eu égard à l’intensité capitalistique des projets, une refonte et modernisation du système bancaire et financier, dont les compagnies d’assurances pourraient y jouer un rôle de catalyseur est indispensable. Pour exemple, via les assurances de personne dont notre économie a grandement besoin, aujourd’hui, au moyen de laquelle des épargnes à long terme, importantes, pourraient être drainées, qui contribueraient au financement de projets dont la rentabilité est à long terme, et compléter ainsi d’autres dispositifs qui y seraient développés. S’agissant de l’enjeu crucial de la gouvernance des EPE, il serait opportun à plus d’un titre d’engager les réformes nécessaires devant assainir l’environnement dans lequel évoluent ses entreprises pour leur permettre de jouer pleinement leur rôle de créatrices de richesse et d’emplois durables. La question essentielle de la dépénalisation de l’acte de gestion, doit à notre sens figurer en priorité dans le cadre des réformes engageant ou structurant l’encadrement des EPE. Il s’agira de permettre aux gestionnaires des entreprises algériennes, et plus particulièrement celles relevant du domaine privé de l’Etat, de disposer de marges de manœuvre suffisante pour prendre des risques et créer de la valeur. Cette prise de risques dans l’intérêt du « projet entreprise » ne devrait pas être confondue avec ce qui peut relever du délit ou d’une mauvaise gestion, mais plutôt comme une audace, dès lors que le risque en soi est maîtrisé et calculé.
Plus globalement, et sous l’angle de l’amélioration du climat des affaires, il y a lieu, nous pensons, de ne pas faire l’économie d’instaurer un réel dispositif d’évaluation des politiques publiques, d’accélérer la réforme et la modernisation managériale des administrations, et de la gouvernance économique et financière.
H. N. A.
Une question a Monsieur le PDG de saa esque un étudiant qui travaille dans une autre société d’assurance qui n’ai pas votre campagne et il veut faire un stage a saa esque c’est légal ou non ?