Pour sa 7ème édition, le Forum « Meet-Tic » du magazine Indjazat, dédié au secteur des TIC et sponsorisé par l’opérateur de téléphonie mobile, Mobilis, a accueilli M. Abdelhakim Bensaoula, directeur général de l’Agence nationale de promotion et développement des parcs technologiques (ANPT), premier organisme public qui permis à plusieurs porteurs de projets innovants de passer de l’idée à la création de leur entreprise.
Par Hacène Nait Amara
n guise d’introduction, M. Bensaoula est revenu sur les missions de l’EPIC qu’il dirige, en précisant que depuis sa création en 2004, l’Agence s’atèle principalement à « développer l’écosystème des TIC en Algérie » en organisant le fonctionnement de quatre parcs technologiques à travers le pays, à Oran, Annaba, Alger et Ouargla. Aujourd’hui l’Agence est considérée comme l’un des outils sur lesquels les pouvoirs publics comptent beaucoup dans le travail d’accompagnement des jeunes start-up évoluant dans le domaine des TIC. Mais, avant d’en arriver là, l’ANPT est passée par passée par « plusieurs phases, dont celle relative à la réalisation de quelques infrastructures, notamment à Sidi Abdellah (dans la commune de Zeralda, à Alger) où un incubateur a été créer pour accompagner des jeunes startupers », explique M. Bensaoula. En terme d’équipements lourds, l’Agence a mis en place toute une infrastructure permettant aux jeunes de tester leurs produits, en plus d’un centre d’expérience TIC inauguré fin 2016. « Il y a deux mois de cela, nous avons lancé les installations nécessaires à la pré 5G, sachant que l’année 2020 sera celle de l’IOT, ou l’Internet des objets, l’analyse des données et la Data. Dans tout cela, nous essayons d’écouter les préoccupations du gouvernement et faire en sorte que la ressource humaine et la compétence suivent. Il y a une orientation de la part des pouvoirs publics qui veulent aller vers la ville intelligente et notre rôle, c’est justement de présenter les start-up qui ont des idées innovantes et qui peuvent réaliser beaucoup de solutions dans ce domaine », détaille le même responsable.
Un manque flagrant d’investisseurs
A partir de cette année, l’ANPT réceptionnera de nouvelles structures, réalisées au niveau du cyberparc de Sidi Abdellah. Tout en affirmant que l’Agence est en fait « le premier organisme à avoir engagé des actions de promotion de l’entreprenariat dans le domaine des TIC, dans la capitale, mais aussi dans plusieurs régions du pays », M. Bensaoula souligne que « la mode qu’on voit aujourd’hui par rapport à l’encouragement des start-up » vient justement du fait que cet organisme public ait réellement réussi dans sa mission : « la plupart des jeunes qui parlent maintenant de l’entreprenariat, des start-up ou de l’incubation sont des jeunes qui sont passés par nos structures », di-t-il. A la question de savoir quelle définition donne-t-il justement au concept de start-up, le même responsable dira que « dans le contexte algérien, une start-up, dans le domaine des TIC, est une petite entreprise qui réalise un chiffre d’affaire et un taux de croissance exponentiel qui justifie à l’Etat de lui donner des avantages ». Mais, précise-t-il encore, « il faudrait revenir, à un certain moment, à la définition standard adoptée mondialement ». Quant au financement des start-up évoluant au sein de l’ANPT, M. Bensaoula estime qu’il y a un manque flagrant d’investisseurs en mesure de financer cette catégorie de jeunes entreprises, à l’image des « business angels ». Cependant, « dans le domaine des TIC, la demande en ressources financières n’est pas aussi importante par rapport aux autres secteurs », juge-t-il. Néanmoins, l’ANPT met à la disposition des jeunes « les outils qui leur permettent de réaliser leurs projets et développer leurs produits, tout en les accompagnant jusqu’à ce qu’ils soient en mesure d’établir leurs premières factures et réaliser ainsi leurs premières rentrées financières », ajoute M. Bensaoula. Sur un autre registre, le directeur général de l’ANPT, en réactions à la création récente de nouveau ministères chargés des start-up, a exprimé sa satisfaction de voir l’Etat prendre conscience de cet enjeu. « Il est clair aujourd’hui qu’il y a un besoin de soutenir les activités de création d’entreprises jeunes et innovantes dans les TIC et les autres domaines économiques. J’espère que la création de ces structures va permettre l’accompagnement d’un plus grand nombre de jeunes, pas seulement dans les TIC, mais aussi dans les autres domaines », souligne l’invité de Meet-TIC.
Faire confiance aux jeunes
Que manque-t-il aujourd’hui aux jeunes créateurs et innovateurs dans le domaine des TIC ? M. Bensaoula répond catégoriquement : « C’est beaucoup plus la confiance qu’on doit avoir en eux ». Selon lui, les promesses qu’on leur donne « ne sont pas, souvent, suivies de faits. Et la meilleure preuve de confiance, c’est de tester et acheter les produits réalisés par ces jeunes qui attendent des actions de la part des responsables, et non pas des paroles ». Et de préciser : « Il y en a beaucoup parmi ces jeunes qui s’investissent dans un projet, le présentent dans des foires et des évènements particuliers où on leur donne beaucoup de promesses, mais sans suite. La déception du jeune vient du fait qu’il rencontre très peu de concret. Ces jeunes ont besoin qu’on leur fasse confiance et qu’on les sollicite pour leur commander des solutions, des prestations et des services. Il n’y a pas pire pour un jeune innovateur qui s’investit dans le développement d’un produit que de voir son produit non utilisé jusqu’à devenir obsolète ». Mais quoi qu’il en soit, à l’ANPT du moins, tous les produits utilisés par l’administration sont des applications développées par les jeunes, dans le domaine de la gestion du personnel, des infrastructures et autres. « C’est comme ça qu’on leur montre que nous leur faisons confiance et que leurs produits sont de bonne qualité », affirme le DG de l’Agence. L’ANPT s’est engagé désormais non seulement dans un travail d’incubation mais aussi de développement des compétences. L’incubateur de Sidi Abdellah a pris beaucoup plus d’ampleur et ça sera connu comme étant un centre de développement des compétences en TIC en étroite collaboration avec les centres universitaires. Nous avons d’ailleurs des conventions conclues avec l’université de BBA et on travaille actuellement avec l’université de Sidi Bel Abbes et nous voudrions nous déployer encore plus au niveau d’autres universités pour pousser les universitaires à s’investir pleinement dans le développement technologique et pas seulement dans l’enseignement.
H. N. A.