Choisi pour présider aux destinées du ministère des Ressources en eau dans le gouvernement Djerad, le premier dans la configuration d’une nouvelle Algérie, Arezki Berraki appréhende sa mission en terrain vraiment conquis.
Par Hacène Nait Amara
C’est le moins qu’on puisse dire de cet authentique enfant du secteur où il comptabilise déjà 34 années de présence, dans un segment aussi complexe qu’édificateur, à savoir les barrages et le transfert des eaux ; sans lesquels la sécurité du pays, dans ce domaine capital, serait obsolète.
Constructeur et visionnaire, Arezki Berraki, avait hérité de la lourde responsabilité de Directeur général de l’Agence nationale des barrages et transferts (ANBT) dans un moment critique de crise économique que vivait le pays, à l’ombre de la chute drastique des prix de pétrole.
Il réussira, pourtant, à mener nombre de projets traduits par la réalisation de barrages et autres ouvrages de première importance, s’agissant de mobiliser la ressource hydrique.
Des états de service éloquents, ajoutés à un profil de technocrate avéré, qui lui valent aujourd’hui d’accéder à la tête d’un secteur des plus stratégiques.
Rompu à l’exercice, souvent difficile, d’aller au charbon sur le terrain pour faire face à une demande toujours plus accrue de l’approvisionnement en eau, notamment à l’intérieur du pays, le nouveau ministre était fin janvier à Bordj Bou Arreridj, une wilaya en butte à un déficit chiffré aux alentours de 40 millions m3 par an.
Berraki y donne d’emblée le ton, s’engageant résolument à ce que «avant l’été, 30 communes seront alimentées en eau potable, de façon quotidienne».
Loin du simple effet d’annonce, le ministre décline son plan. Il s’agira pour ces 30 communes, de recourir au renforcement de leur alimentation à partir des barrages de Tilesdit (Bouira) et Tichy-Haf (Bejaia), a-t-il indiqué.
Sur un autre registre, Arezki Berraki a décliné sa feuille de route, notamment les chantiers prioritaires de son secteur. Intervenant lors de l’ouverture des travaux de la réunion des cadres supérieurs de la Société des eaux et de l’assainissement d’Alger et de Tipaza (SEAAL), le 27 écoulé janvier écoulé au CIC à Alger, le ministre des Ressources en eau, Arezki Berraki a indiqué que l’amélioration du service public en matière d’accès à l’eau potable constituait pour le nouveau gouvernement un «axe majeur et prioritaire», qui englobe, a-t-il précisé, «aussi bien la satisfaction des citoyens consommateurs et/ou usagers, que l’amélioration notable et substantielle des indicateurs de gestion technique et commerciale».
A ce propos, Arezki Berraki a souligné que l’entreprise publique SEAAL est «un outil important du secteur au vu de l’étendue de son périmètre, de la population concernée par son action et de sa qualité d’opération pilote, en tant que mode de gestion déléguée des services de l’eau potable et de l’assainissement».
Evoquant quelques carences qui subsistent encore en matière de distribution d’eau potable notamment dans certaines communes d’Alger, le ministre des Ressources en eau, en homme avisé, n’ pas manqué, non plus, de mettre en évidence que que les résultats de cette forme d’organisation (gestion déléguée de l’eau potable et d’assainissement) ont été tout de même «probants» dans les trois métropoles concernées, à savoir Alger et Tipaza réunies, Constantine et Oran.
Les résultats de cette démarche plaident en faveur de «sa duplication au niveau d’autres grandes villes du pays ainsi que de celles adossées à des systèmes hydrauliques complexes», a-t-il également fait observer.
Faisant le bilan de la politique de la gestion déléguée des eaux et de l’assainissement, M. Berraki a cité notamment la disponibilité de l’eau H24, la généralisation de la télégestion, le renouvellement des conduites, la mise en place de branchements neufs, l’amélioration de la qualité des eaux ainsi que de l’efficacité des stations d’épuration (STEP) dans le traitement des eaux usées.
S’agissant des lacunes qui sont toujours enregistrées, elles concernent, a-t-il signalé, une production parfois surabondante, la progression lente du rendement technique, la proportion élevée des eaux non facturées, les délais moyens de réparation des fuites, la faible consommation des crédits d’équipement et le ratio des coûts de fonctionnement par rapport au chiffre d’affaires réalisé, jugé toujours élevé.
Sur ce point, le ministre des Ressources en eau a exhorté les cadres de l’entreprise à mener une «action volontaire et déterminée pour aboutir, à court et moyen termes, à des avancées tangibles et quantifiables», mettant en exergue, à ce titre, l’importance d’entreprendre une «coordination optimale» avec l’administration centrale du secteur ainsi qu’avec les autorités locales notamment dans les wilayas d’Alger et de Tipaza.
S’adressant toujours aux managers de la SEAAL, le ministre des Ressources en eau a noté que le gouvernement avait reconduit l’accord de partenariat avec le groupe Suez malgré la conjoncture économique en tenant compte de «l’expertise de cette société dans les différents métiers de l’eau et de sa maitrise des techniques, ainsi que les process les plus modernes dans ce domaine».
«J’appelle donc au-delà des aspects contractuels, les équipes de Suez, chargées de ce volet au niveau du siège ou des collaborateurs expatriés ici à Alger, à s’inscrire pleinement dans l’esprit de coopération et de transmission qui a fondé ce partenariat en œuvrant à la montée des compétences métiers au sein de l’entreprise et à son extension effective à des unités de l’Algérienne des Eaux et de l’Office national de l’assainissement», a recommandé M. Berraki.
Dans ce contexte, il a annoncé l’ouverture prochaine de l’Ecole nationale de gestion de l’eau et de l’assainissement (ENGEA) en vue de renforcer l’appareil de formation et de perfectionnement du secteur et d’offrir des conditions pour faciliter les transferts de savoir-faire.
L’ouverture prochaine de cet établissement s’inscrit, a-t-il relevé, dans «la démarche de renforcement de l’appareil de formation et de perfectionnement du secteur et la réunion des conditions optimales pour faciliter et intégrer les transferts de savoir-faire».
Détenue respectivement par l’Algérienne des eaux (40%), l’Office national de l’Assainissement (30%) et la SEAAL (30%), cette école contribuera à une «offre de formation performante, complémentaire, pluridisciplinaire et ininterrompue sur les durées des carrières professionnelles en combinant les formations supérieures en hydraulique, la formation des agents concernés par une convention en cours avec le ministère de la Formation et de l’Enseignement professionnels, les actions de perfectionnement menées au niveau des centres ADE et ONA, les formations qualifiantes ainsi que sur les formations pointures et à la carte», a encore précisé Arezki Berraki.
H. N. A.