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IL A ETE ELU POUR MENER L’ALGERIE VERS UNE NOUVELLE REPUBLIQUE : Abdelmadjid Tebboune, pour les douze travaux d’Hercule

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Le 12 décembre 2019 sera-t-il une date à marquer d’une pierre blanche pour l’Algérie, dans sa profonde quête d’opérer sa mue vers un nouveau système politique et une nouvelle République, après la chute de l’ancien régime ?
L’histoire, seule, dira le bien fondé ou non des élections présidentielles tenues, au forceps, ce jour- là, alors que le pays surfait sur maints périls, dont un vide institutionnel dangereux au regard de menaces avérées au plan géopolitique notamment.

Par Azzouz Koufi

u suffrage universel, marqué, il est vrai, par un fort taux d’abstention en raison de l’impact et l’influence du mouvement populaire appelé communément le «Hirak» , surtout son aile radicale, en marche depuis le 22 février, il est ressorti un vœu populaire unanime pour consacrer AbdelmadjidTebboune à la magistrature suprême du pays. Un choix qui peut avoir trouvé sa motivation par le limogeage brutale, assortie d’une diabolisation en règle, de l’ancien régime après qu’il eût attaqué frontalement les oligarques gravitant dans la sphère présidentielle.
Et ce jeudi 19 décembre, les Algériens allaient redécouvrir l’homme qu’ils connaissaient déjà en tant que commis de l’Etat, sous une autre dimension.
L’allure charismatique, le verbe posé mais juste, la tonalité sentencieuse, des touches de pragmatisme par doses homéopathiques, le nouveau Président, qui savait que cette première sortie publique constituait une épreuve du feu devant ,tout autant, partisans et contempteurs a balayé la scène nationale et internationale avec l’art consommé du tribun qui maitrise sa chaire, alliant la modération à la pondération, dans un style simple et expurgé des envolées démagogiques.
Un discours dont la quintessence restait liée à trois axes fondamentaux, à savoir la reforme constitutionnelle, la relance de l’économie nationale et la réhabilitation de la confiance entre les citoyens et leurs gouvernants.
A quel point un tel discours a-t-il touché sa cible ? Les mesures imminentes, déjà attendues permettront, sans doute, d’en mesurer l’impact réel, dans une occurrence où Abdelmadjid Tebboune n’aura pas, forcément le temps comme allié, encore moins, un chèque à blanc ; alors que ses missions s’apparentent aux douze travaux d’Hercule.

Politique, la panacée sous forme de trident
«Je tends ma main au hirak» a lancé tout de go le nouveau président de la République lors de la cérémonie solennelle de son investiture. Une invite au dialogue et au mouvement populaire «béni» a-t- il souvent eu l’occasion de souligner et dont il conforte les revendications liées à la moralisation de la vie publique, en s’engageant à continuer la lutte contre la corruption et l’argent sale et à ne point faire de grâce «aux personnes convaincus de corruption».
Dans l’optique d’une République nouvelle qui rende la souveraineté au peuple, Abdelmadjid Tebboune s’est engagé, surtout, à revisiter la Constitution de par un panel d’experts, la soumettre à une première et seconde lecture et, in fine, à référendum.

Economie : la part du lion, des écuries d’Augias à nettoyer
Marquée par la prévarication et la rapine à grande échelle et profondément affectée par une crise financière, découlant de la chute des prix de pétrole, source de financement exclusive du pays, l’économie nationale s’est retrouvée au creux de la vague.
Le climat des affaires s’étant considérablement obscurci, l’activité économique, ankylosée, tournait au ralenti, engendrant la paralysie de nombre d’entreprises, notamment privées, et partant, des pertes d’emploi drastiques et la détérioration du pouvoir d’achat du citoyen, faisant planer des menaces sérieuses sur la quiétude sociale.
C’est précisément à ce plan que le nouveau Président était attendu, appelé à convaincre par des démarches pragmatique, loin des slogans et de la langue de bois, désormais bannis aux yeux de la rue, pour relancer la machine sur des bases objectives et fiables.
En gros, la réponse de Tebboune a porté sur la nécessité de nettoyer les écuries d’Augias, en faisant le distinguo entre l’entrepreneur véreux et celui mû par l’intérêt du pays et porteur des valeurs du patriotisme, tout en préconisant, par ailleurs, de récupérer l’agent détourné.
Faisant, ensuite, de la promotion des jeunes un véritable parangon, il ouvre la voie au segment d’avenir moderne et fructifère et apanage des jeunes générations, à savoir la start up et la micro entreprise.
Cela, non sans insister sur la diversification de l’activité économique, génératrice de richesses et créatrice d’emplois, avec en toile de fond son soutien aux projets productifs créateurs d’emplois.
En définitive, autant de paris ardus, certes mais qui s’avèrent, pourtant, incontournables.
A. K.

Tout pour les projets productifs, un ministère dédié au start up
A sa tout première sortie publique sur le terrain, le nouveau président de la République a opté- une symbolique ?- pour la Foire de la production nationale, dont il a inauguré le 28 édition dimanche 22 décembre 2019.
L’occasion pour lui de mettre en avant son soutien et son encouragement aux projets productifs nationaux par des avantages et des incitations en contrepartie de la création de postes d’emploi. Dans cette veine, il expliquera que les incitations fiscales et les avantages accordés par l’Etat, tels le foncier, les crédits etc, «doivent avoir une contrepartie, à savoir la création d’un nombre important de postes d’emploi», dira-t-il. «Il faut réduire le taux du chômage et ceci ne peut se faire qu’à travers de véritables projets productifs créateurs d’emploi et non de ‘’richesse illusoire’’, ajoutera-t-il encore, promettant que «2020 sera une année différente pour les opérateurs économiques à la condition de s’engager à élargir leurs activités, à redynamiser l’économie nationale et à créer des postes d’emploi». Il a également souligné l’impératif d’encourager l’exportation du produit National, faisant savoir que la promotion de l’exportation du produit national était l’unique voie de parvenir à la diversification de l’économie nationale et à la sortie de la dépendance aux hydrocarbures, graduellement ; appelant à faire inverser d’acheter au lieu de vendre.
Dans ce même sens, il a soutenu que la nouvelle stratégie économique sera étayée par «des études adaptées à nos intérêts et à nos besoins conjoncturels», a-t-il indiqué.
Mais la grande annonce faite lors de sa virée à la Safex et son échange avec des jeunes porteurs de projets a trait à la création d’un ministère dédié aux start-up et à la micro-entreprise ainsi que des incubateurs dans toutes les grandes villes du pays.
«Nous allons créer le maximum d’incubateurs dans toutes les grandes villes du pays, qui seront parrainés par un ministère des start-up et de la micro-entreprise», a-t-il promis, assurant d’une banque qui sera chargée de suivre et d’accompagner les jeunes porteurs de projets.
A. K.

Une course contre la montre

Pour la première fois dans les annales politiques du pays, jamais le Président de la République n’a fait montre d’une aussi grande diligence, après son investiture. Il est vrai que les conjonctures, assez déliquescentes, qui marquent la scène nationale et la grosse pression exercée par le mouvement populaire qui œuvre sans relâche à marcher pacifiquement chaque vendredi, depuis le 22 février 2019, ne pouvaient que bousculer un homme, à son tour pressé d’aller au charbon.
Ainsi, en l’espace de quinze jours seulement, Abdelmadjid Tebboune, sa première sortie publique, dédiée à la foire de la production nationale. Une symbolique remarquable, une fois superposée aux orientations générales du chef de l’Etat, telles qu’émanent de son programme de relance économique. Mais pas seulement.
En effet, Tebboune a rapidement mis en chantier son nouveau gouvernement. Le fait est peu évident dans un environnement de fronde quasi généralisé en amont et en aval.
Il est d’autant plus méritoire qu’il a traduit les promesses du candidat d’hier de sortir, à ce niveau, des sentiers battus et des traditionnelles cooptations. En nommant un Premier ministre technocrate, pondéré et clean, il a également donné onction à un aéropage gouvernemental inédit et rajeuni. Sur ce plan la désignation à la tête d’un département innovant et novateur, tel celui de la start up, d’un jeune de 26 ans est incontestablement très significatif.
Par ailleurs et hormis, les portefeuilles de souveraineté, à l’instar des affaires étrangères, de l’Intérieur, de la Justice, des Finances et de l’Energie, tous nouveaux ministres émergent de la société civile.
Une rupture radicale avec le passé ? Il faut le croire. Il reste seulement à souhaiter que le nouveau gouvernement puisse la traduire dans les faits, afin d’ouvrir concrètement la voie à la nouvelle République qui se dessine peu à peu.
A. K.

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