La saison saharienne et la saison estivale sont considérées comme deux événements majeurs censés faire la promotion de la destination Algérie. Pour bien réussir la saison saharienne, tout un travail a été fait en amont a indiqué, le directeur général du Tourisme au ministère du Tourisme et de l’artisanat, Zobir Mohamed Sofiane. Dans cet entretien accordé au magazine Indjazat, le DG de Tourisme a estimé pour que l’Algérie puisse avoir une part du marché touristique méditerranéen, caractérisé par le type balnéaire, elle doit intégrer ce marché avec un produit exclusif qui n’est autre que le produit Sahara, et exploiter cet atout unique au monde. Suivez-le…
Par Azouz Kafi
La saison touristique dans les régions du sud du pays a été officiellement lancée, il y a quelques semaines, à partir de Ghardaïa, par le ministre du Tourisme et de l’Artisanat, Abdelkader Benmessaoud. Comment devrait ce dérouler cette nouvelle saison, selon vos prévisions ?
La saison saharienne est une saison très importante dans le déroulement des activités touristiques annuelles, en plus de celle de la saison estivale. Ce sont deux évènements majeurs censés faire la promotion de la destination Algérie, notamment pour le tourisme interne ou le marché domestique, mais aussi pour le tourisme réceptif. Cette nouvelle saison saharienne, 2019/2020, a été bien préparée en amont à travers l’organisation de nombreuses réunions de coordination entre les différents intervenants, tels que les agences de tourisme et de voyage, les hôteliers, les offices locaux de tourisme, ainsi que les guides. Ces réunions ont été même organisées au niveau local auxquelles ont participé des responsables des collectivités locales et de la société civile. Il faut dire, cependant, que le déroulement de la saison saharienne n’incombe pas au ministère de tutelle seulement, mais concerne l’ensemble de la chaîne touristique, y compris le secteur privé. Je dois préciser aussi qu’un riche programme a été élaboré en septembre dernier, touchant les 14 wilayas sahariennes et leurs régions. Ce programme comprend le lancement de circuits touristiques, la réouverture de quelques établissements hôteliers affilés au portefeuille du Groupe public HTT, la réception d’un certain nombre d’infrastructures hôtelières au niveau des 14 wilayas du Sud et la mise en valeur du patrimoine matériel et immatériel à travers la programmation de visites guidées, la valorisation des fêtes locales et la conception de beaucoup d’outils de promotion, comme les CD, les spots publicitaires et la présence de ces wilayas sur les réseaux sociaux. Le secteur mise aujourd’hui sur les nouvelles technologies de l’information et de la communication afin de promouvoir la destination algérienne.
L’activité touristique semble reprendre, même timidement, dans certaines régions du sud du pays. A quoi doit-on imputer ce résultat ?
Effectivement, l’activité touristique a repris son élan et cela grâce à la réouverture de quelques circuits touristiques dans les wilayas du Sud et la réception de certaines structures d’hébergement. Il est vrai que l’activité touristique saharienne reste dominée par le tourisme réceptif mais nous avons constaté ces dernières années que même les nationaux commencent à s’intéresser au Sahara, notamment les régions de Boussaâda, Ouargla, Menéa, Beni Abbés, Timimoun et Adrar. La famille algérienne se déplace maintenant vers ces localités, profitant des tarifs promotionnels mis en place par les compagnies aériennes Air Algérie et Tassili Air Line. Ces dernières ont également renforcé leurs lignes vers le Sud, notamment durant la saison touristique saharienne où l’on a vu même la programmation de 3 à 4 lignes par semaines vers Djanet, Tamanrasset, Ouargla et Ghardaïa.
Vous dites que les nationaux s’intéressent de plus en plus à la destination sud. Mais qu’en est-il du réceptif étranger ?
Pour nous, le réceptif étranger est un marché important. Le produit Sahara est considéré comme un produit d’appel. Pour que l’Algérie puisse avoir une part du marché touristique méditerranéen, caractérisé par le type balnéaire, elle doit intégrer ce marché avec un produit exclusif qui n’est autre que le produit Sahara, et exploiter cet atout unique au monde. Pour cela, nous visons particulièrement le marché chinois, et asiatique en général, mais aussi européen. Certes, il y a quelques difficultés qui « heurtent » ce réceptif, à l’exemple des retards dans l’octroi des visas et la cherté des billets d’avion. Mais nous sommes en train d’essayer de trouver, avec les secteurs concernés les solutions afin de rendre cette destination visible, facile et accessible.
La relance des activités touristiques est-elle accompagnée par un développement sur le plan des infrastructures ?
Le tourisme, ce n’est pas l’hôtel uniquement. C’est un tout. Mais les infrastructures d’hébergement constituent un maillon important dans la chaîne touristique. Actuellement, le parc hôtelier national comprend plus de 1 400 établissements hôteliers qui offrent plus de 120 000 lits à travers le territoire national. Ces infrastructures ont connu une mise à niveau à travers le plan « qualité tourisme » et un travail de classement et de reclassement. Je dois rappeler que la plupart des wilayas disposent d’établissements hôteliers qui repondent aux normes internationales et sont même gérés par des chaînes internationales de renom, en terme de management hôtelier. Il faut dire aussi que le développement local de quelques villes qui jouissent aujourd’hui d’infrastructures de base de qualité, a grandement contribué au développement du tourisme. Je peux citer notamment l’autoroute Est-Ouest, la modernisation du transport ferroviaire et la réalisation de ports de plaisance et commerciaux dans certaines villes balnéaires.
Quelles sont les actions phares qu’entreprend le ministère en charge du secteur pour promouvoir le tourisme en général et le tourisme saharien plus particulièrement ?
Le ministère du Tourisme et de l’Artisanat, dans ses missions de promotion du tourisme algérien, a mis en œuvre une stratégie de marketing touristique qui repose notamment sur la visibilité de la destination Algérie, sur le choix du marché à intégrer, sur la population des touristes à cibler et sur la qualité des produits à proposer. C’est sur cela que nous misons lors de nos différentes participations aux salons internationaux. Nous tenons aussi à marquer notre présence sur les réseaux sociaux, à travers pas mal de comptes qui contribuent à ce travail de promotion. Enfin, je dois souligner que le ministère a fait appel aux start-up , aux blogueurs et aux influenceurs qui sont en mesure de véhiculer la belle image touristique de l’Algérie. Mais le moyens le plus fiable à même de promouvoir le tourisme dans notre pays est incontestablement le citoyen algérien. C’est la raison pour laquelle nous sommes en train d’inculquer une certaine culture touristique à la population.
Des experts dans le tourisme plaident pour que l’Etat se retire de la gestion touristique ? Soutenez-vous cette idée ?
Il faut savoir qu’actuellement, au niveau mondial, le tourisme est l’affaire du privé, notamment en ce qui concerne, l’investissement, la conception du produit touristique et sa commercialisation. L’Etat n’est là que dans le cadre du partenariat Public-Privé, à travers la mise en place d’un dispositif réglementaire, dans le cadre de son rôle régalien qu’il doit jouer, en su de l’environnement adéquat devant être mis à la dispositions des opérateurs. En Algérie, l’Etat ne détient qu’à peine 20% du parc hôtelier national, mais il y a un projet de politique visant à mettre ces infrastructures en management hôtelier avec des grandes chaînes hôtelières internationales.
H. N. A.