Le ministre du Tourisme et de l’Artisanat, Abdelkader Benmessaoud revient dans cette interview qu’il a bien voulu accordé au magazine Indjazat sur la
nouvelle saison touristique saharienne 2019/2020, dont le coup d’envoi a été donné récemment à partir de Ghardaïa. Selon lui, le tourisme saharien est en mesure de générer pour le pays une richesse inestimable et de drainer, dans sa dynamique, tout le secteur vers une relance effective de l’ensemble des activités touristiques. Toutes les conditions nécessaires sont désormais réunies pour cette relance, affirme le ministre, Il pointe du doigt, cependant, le manque de communication qui rend la destination Algérie peu visible et pas assez attractive pour le tourisme réceptif. Sur ce plan, un travail gigantesque se fait actuellement par le département en charge du secteur, soutenu par l’accompagnement des pouvoirs publics qui comptent recourir, à cet effet, au talent des jeunes start-up, spécialisée dans les nouvelles technologies de l’information et de la communication.
Entretien réalisé par Hacène Nait Amara
Vous avez lancé officiellement, il y a quelques semaines, la nouvelle saison touristique saharienne à partir de Ghardaïa. Pourquoi avoir choisi précisément cette ville ?
En fait, nous avons choisi Ghardaïa pour donner le coup d’envoi de la nouvelle saison touristique saharienne pour son paysage pittoresque qui n’en finit pas de séduire ses visiteurs, pour son cachet de ville millénaire et coutumes ancestrales ainsi que par son patrimoine architectural et urbanistique réputé.
Le Sahara algérien séduit de plus en plus de nationaux qui commencent à renouer avec certaines activités propres à cette région (bivouacs, circuits et aventures). Comment expliquez-vous cela ?
Certe oui, de plus que cet engouement pour le Sahara ne cesse d’être exprimé par les touristes étrangers également qui jugent que le produit saharien est un produit unique et inégalé.
Nous sommes en train de développer une nouvelle approche du tourisme réceptif. C’est une approche qui favorise le tourisme sélectif, le tourisme scientifique, le tourisme culturel qui respecte la faune et la flore et préserve notre patrimoine historique. Notre approche consiste aussi à contempler la beauté de l’Algérie, plus particulièrement en faveurs des jeunes, épater leurs sensations, et découvrir le sud de l’Algérie profonde, utile et différente.
Le secteur dispose-t-il des moyens nécessaires pour réaliser ces objectifs ?
Oui effectivement l’état veille à assurer tous les moyens à même de permettre au secteur de concrétiser ses objectifs notamment à travers le SDAT à l’horizon 2030 ayant été adopté par le gouvernement algérien qui a mis tous les mécanismes nécessaires pour accompagner le secteur particulièrement en matière d’investissement ; de formation ; partenariat public privé, de financement et de promotion.
Nous sommes entrain de promouvoir le tourisme en Algérie par le biais de notre Office National du Tourisme, institution chargée de la promotion, et ce en plus de nos différents organismes sous tutelle à l’instar de l’ONAT et Touring Club qui sont mobilisés pour le transport terrestre et lancent régulièrement des promotions au profit des jeunes pour des destinations vers le sud, l’intérieur du pays et les Haut-plateaux.
Il y a aussi l’accompagnement des deux compagnies aériennes nationales, Air Algérie et Tassili airline, qui ont procédé à des promotions sur les tarifs de billets à destination du sud, de l’ordre de 30%. à 50%. Je tiens aussi à relever l’accompagnement des hôtels, publics et privés, qui sont en train d’étudier les tarifs qu’ils pratiquent, notamment cette année où nous avons constaté que les prix sont devenus très abordables, en plus de la diversité des offres d’hébergement et d’accueil. C’est à dire que nous sommes en plein reconstruction du tourisme algérien à travers la réalisation de grands projets d’infrastructures hôtelières, la promotion de la destination Algérie, toute en bénéficiant des projets réaliser telles que l’autoroute est-ouest, le déploiement du transport ferroviaire, portuaires et aéroportuaire.
Au plan de la communication, le secteur est-il parvenu à établir une bonne visibilité de la destination Algérie ?
Nous avons constaté que les outils de communication utilisés jusqu’à récemment sont devenus insuffisante notamment avec le développement rapide de TIC. C’est la raison pour laquelle nous avons décidé de recourir aux jeunes start-up spécialisés dans ce sens et aux « influenceurs » activant dans les différents axes de communication, notamment à travers les réseaux sociaux avec lesquelles nous sommes en train de faire un travail de fond, en matière de communication et de marketing.
Dans ce même contexte nous avons procédé à l’organisation d’une rencontre nationale au profit des startups sous le thème « tourisme et artisanat… avenir prometteur pour les startups » ou l’ensemble des porteurs de projets innovants ont été conviés à y prendre part pour présenter leurs solutions innovantes dans le domaine de communication sous le parrainage de Premier Ministère.
Il n’en demeure pas moins que beaucoup reste à faire en matière de promotion, qui nécessite tout compte fait, beaucoup de moyens, de financement et de lobbying.
Vous avez annoncé récemment la promulgation prochaine d’une batterie de lois visant à redynamiser le secteur. Ces nouvelles lois concerneront précisément quels domaines ?
Je tiens à rappeler d’abord que nous avons décentralisé la quasi-totalité de tout ce qui est procédure, en rapport avec le secteur, au niveau des wilayas et des communes. Pour l’année 2020, nous comptons revoir l’ensemble des textes de loi régissant le tourisme et l’artisanat et promulguer une loi cadre qui permettra aux différents intervenants d’avoir un seul cadre juridique pour travailler et avoir plus de facilité et d’accessibilité aux investissements, d’autant que la Loi de Finances 2020 va booster le secteur à travers la levée de la règle 51/49 % régissant les investissements en Algérie. Avec tout cela, je peux vous garantir que nous aurons dépassés facilement, à l’horizon 2030, les objectifs de 300 000 lits. Actuellement, nous disposons de 140 000 lits réalisés, et 120 000 lits sont en cours de réalisation. En ce qui concerne l’artisanat, il faudrait également revoir la réglementation qui le gère, d’autant que ce secteur vit aujourd’hui une grande dynamique, puisque nous avons pu créer l’année passée pas moins d’un million de postes d’emploi.
Après une absence de 10 ans, l’Algérie est aujourd’hui de retour au sein de l’OMT. Comment cela a été rendu possible ?
L’obtention d’un siège au sein du conseil exécutif de l’OMT ainsi qu’au sein du Comité du tourisme et de développement durable dans la même organisation est dû à une très grande volonté politique de l’état algérien ; traduite par les efforts menés par le secteur de tourisme et de l’artisanat ayant été appuyer par notre diplomatie Algérienne (MAE).
De plus, il est judicieux d’évoquer qu’un programme de travail est également tracé à l’horizon 2020, où d’autres actions de coopération sont programmées au titre de la coopération avec cette institution onusienne, à l’instar du 3éme atelier de restitution sur le renforcement des capacités statiques qui sera organisé en présence du Secrétaire Général de l’OMT Mr Zurab Pololikashvili et des ministres africains du tourisme, durant lequel, un forum ministériel de haut niveau sur « le tourisme rural » et une conférence sur « le tourisme et l’emploi » seront également organisés. Et nous nous apprêtons notamment à abriter des rencontres internationales sur les MICE d’une part et à concrétiser la 3éme mission de restitution relative à l’élaboration de la stratégie de Marketing et promotion de l’image de la destination Algérie entamée avec l’OMT et le PNUD.
H. N. A.