La gestion durable de l’eau est l’un des principaux axes du développement durable, dans la mesure où l’eau doit répondre aux besoins des générations actuelles et satisfaire les générations futures. Au ministère des Ressources en eau (MRE), les responsables en charge du secteur ont de tout temps considéré l’eau et l’environnement comme « deux notions étroitement liées, l’une à l’autre, avec une interconnectivité agissant comme une balance » dans un contexte économique global où le concept du « circulaire » s’impose de plus en plus, pour rompre avec l’idée qui consiste à extraire la ressource, fabriquer, consommer… puis jeter.
Par Hacène Nait Amara
e l’avis du secrétaire général du ministère des Ressources en eau, El Hadj Belkateb, l’économie circulaire n’est autre que « l’optimisation de ce que nous produisons » au profit des citoyens. Cette optimisation a pris forme, au sein du secteur, avec notamment la réalisation des stations de dessalement d’eau de mer, tout au long de la bande du littoral abritant plus de 75% de la population algérienne. Pour lui, le dessalement s’avère aujourd’hui « un impératif pour sécuriser l’alimentation en eau potable ». C’est la raison pour laquelle l’Etat algérien en a fait une priorité dès le début des années 2000. Actuellement, outre les treize stations réalisées jusqu’ici, avec une capacité de 2,1 millions de m3, plusieurs autres stations sont en cours de réalisation et devraient entrer en service à l’horizon 2024, notamment dans les wilayas d’El-Tarf, Skikda, Béjaïa et Alger. Selon El Hadj Belkateb, que nous avons rencontré en marge des premières assises nationales sur l’économie circulaire tenues le 14 octobre écoulé au CIC à Alger, cette ressource alternative permettra au pays de « préserver ses ressources superficielles et souterraines et consacrer une bonne partie à la production agricole et industrielle ». Mais gare au gaspillage : « Tout ce qui a un rapport avec l’économie est basé sur l’eau. Il faut donc éviter son gaspillage », souligne El Hadj Belkateb, tout en rappelant que « les participants aux premières assises nationales sur l’économie circulaire ont notamment insisté sur l’impérative préservation de cette ressource». Cependant, force est de constater que certains secteurs d’activité économique n’arrivent toujours pas à rationaliser leur consommation en eau, bien que des solutions simples, concrètes et efficaces existent. «Certes, le secteur agricole est en phase de satisfaire l’ensemble des besoins nationaux, mais il reste beaucoup à faire en matière d’irrigation. Un hectare de culture ne devrait pas dépasser une consommation de 6 000 m3. Dans les régions du Sud, on est en train de consommer plus de 20 000 m3 à l’hectare », déplore le secrétaire générale du ministère des Ressources en eau.
La solution ? « Généraliser le système du goutte-à-goutte pour consommer le moins d’eau possible », ceci d’autant plus que le « secteur agricole consomme plus de 60% de la production d’eau et des eaux souterraines », explique El Hadj. Belkateb. Il faut dire, cependant, que le gaspillage de l’eau est un problème majeur observé aussi dans la consommation quotidienne des citoyens. « Le citoyen algérien consomme beaucoup d’eau. A Alger, le volume d’eau consommée est de 200 litres/j par habitant. Dans d’autres régions du pays, ce volume dépasse les 400 litres /j par habitant. La norme mondiale est bien au dessous de ce volume, puisqu’en Espagne, par exemple, la consommation des habitants était, il y a quelque temps de 180 litres/j par habitant, redescendue récemment à 90 litres/j par habitant », fait savoir le SG du MRE. Quel serait donc le meilleur moyen à même de mettre un terme à ce gaspillage ? C’est de « donner à cette ressource sa richesse et sa valeur, en payant en contre partie de tout ce qu’on consomme en réel. Et c’est comme ça qu’on réalisera notre économie circulaire », a-t-il suggéré.
Sur un autre registre, El Hadj Belkateb a fait remarquer que devant la rareté de la ressource hydrique conventionnelle, l’Algérie ne peut pas se permettre de tourner le dos à la possibilité de réutiliser les énormes quantités d’eaux usées rejetées dans la nature ou à la mer. L’épuration de l’eau usée et son utilisation dans l’irrigation devient ainsi une option attrayante, en particulier dans les zones arides et semi-arides, car elle représente une source d’eau et d’engrais additionnels renouvelables et fiables. C’est pourquoi le ministère des Ressources en eau s’est chargé de cette tâche, dans le cadre d’un programme portant sur la valorisation des eaux usées, mais aussi de la boue, un produit fertilisant issu des stations d’épuration (STEP). « Pas moins de 194 stations d’épuration ont été ainsi mises en service, et une cinquantaine d’autres sont en cours de lancement », a indiqué El Hadj Belkateb, précisant qu’à l’horizon 2023, le secteur « dépassera le milliard de m3 d’eaux usées épurées ». Et d’ajouter : « Actuellement le réseau d’eaux usées dépasse les 400 millions m3. C’est une ressource additionnelle qui peut être traitée et utilisée dans agriculture. Ces stations futures, une fois opérationnelles, auront un impact positif sur la préservation de la santé publique, mais aussi sur l’environnement et les nappes phréatiques. Il en est de même pour la boue dont le volume produit atteint les 200 000 tonnes chaque année. Des recherches sont lancées, afin de valoriser cette richesse et la transformer en composte et en produits fertilisants. Mais l’on attend la révision de certains aspects réglementaires pour permettre aux opérateurs économiques intéressés d’investir dans ce créneau » conclut le secrétaire général du ministère des Ressources en eau.
H. N. A.