À l’échelle d’un territoire, il est pertinent d’étudier l’ensemble des flux de ressources qui entrent (importations) et sortent (exportations) du système, ainsi que l’activité locale.
En effectuant un état des lieux quantitatif des interactions avec l’extérieur, il s’agit d’identifier les principaux flux pour lesquels il serait pertinent de « boucler la boucle », en optimisant leur utilisation, en réduisant les prélèvements dans l’environnement et la dépendance aux imports, et en éliminant les rejets non valorisés, voire polluants pour l’environnement local.
Quelques chiffres et enseignements généraux
Le bilan des ressources en Algérie :
• Une économie fortement dépendante des énergies fossiles
• Les énergies fossiles sont la principale source des exportations algériennes avec 108,3 Millions de tonnes équivalent pétrole (Tep)
• La consommation finale d’énergie a enregistré en 2017 une augmentation de 4,1%, tirée par le gaz naturel (+7,9%) et l’électricité (+6,4%)
• En 2017, la structure de la production d’énergie primaire reste dominée par le gaz naturel à hauteur de 55%
Les ressources
1. Matières énergétiques fossiles
Les énergies fossiles représentent plus de 90% des exportations de l’Algérie et plus de deux tiers de ses recettes fiscales. La crise pétrolière a poussé l’état à accélérer son plan de développement des énergies renouvelables.
Selon le ministère de l’Energie, la consommation nationale totale d’énergie avait atteint 59,6 M Tep en 2017, elle est en hausse de (+2,1%) par rapport à 2016, représentant plus d’un tiers (35,9%) de la production totale.
L’Algérie qui tire l’essentiel de ses ressources en devises de ses exportations d’énergies fossiles, à l’heure actuelle, fait face à une double problématique, la baisse de sa production d’énergie fossile et l’augmentation de sa consommation interne.
2. Energies renouvelables
Le pays possède un fort potentiel en termes d’énergies renouvelables avec un ensoleillement de plus de 3500 heures par an, la filière solaire peut jouer un rôle central dans la production d’énergie propre, en plus du potentiel éolien dans certaines zones du sud algérien et des micros-climats dans le nord qui seraient propices à l’installation de fermes éoliennes.
En termes de déploiement des EnR et malgré les chiffres avancés dans le programme national des énergies renouvelables en 2015, le niveau de concrétisation reste très faible (inférieur à 2%).
Le développement des capacités nationales de production des énergies renouvelables se heurte à un certain nombre d’obstacles multiformes ; réglementaire, institutionnel, technologique …etc, ce qui a mené à instituer le Commissariat aux énergies renouvelables et à l’efficacité énergétique dont la mission principale est la coordination de l’effort national pour la réalisation du programme adopté par l’autorité politique en faveur des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique, il devra être un espace de concertation et une force de propositions à la disposition des pouvoirs publics, aussi bien pour l’élaboration des politiques en matière d’énergies renouvelables et d’efficacité énergétique que pour les ajustements dynamiques à y apporter, en fonction de l’évolution des contextes techniques, technologiques, scientifiques et économiques.
3. Biomasse
Contrairement aux hydrocarbures, cette source d’énergie ne risque pas de s’épuiser car elle est exclusivement produite à partir de déchets organiques. La biomasse présente aussi un autre atout qui n’est pas des moindres, elle dégage très peu de gaz à effet de serre. De plus, cette énergie est très rentable, elle crée de la richesse et de l’emploi.Ce qui est illustré au niveau local par les 1000 MW de production en biomasse prévus par le programme national de l’énergie d’ici 2030.
4. Eau
L’Algérie par sa superficie jouie d’une grande diversité géographique et climatique, ce qui entraine un déséquilibre en termes de ressources en eau, entre le nord et le sud. La partie nord, caractérisée par son climat méditerranéen, disposant des ressources en eau renouvelables, tant pour les eaux de surface que pour les nappes phréatiques. 90% des eaux de surface sont situées dans la région du Tell qui couvre environ 4% du territoire. Les potentialités en eau sont estimées à 18 milliards de m³ par an D’importants financements publics ont été alloués à ce secteur pour la construction de barrages, de stations de dessalement d’eau de mer.
5. Espaces naturels et biodiversité
L’Algérie se caractérise par une diversité biologique remarquable liée à la diversité de son climat, de sa géomorphologie et de ses écosystèmes. La politique de la conservation des espèces et des habitats a commencé dès les années 70, cet intérêt accordé à la protection de l’environnement a amené le pays à créer des aires protégées. L’administration forestière, procède au classement des écosystèmes en aires protégées en s’appuyant sur des textes nationaux et des conventions et accords internationaux que l’Algérie a ratifié en matière de protection et de préservation des ressources naturelles. La Direction Générale des Forêts (DGF), sous tutelle du ministère de l’Agriculture, du Développement Rural et de la Pêche (MADRP), dotée des attributs de puissance publique, gère et administre un patrimoine forestier de 4,7 millions d’hectares et un patrimoine alfatier de 3 millions d’hectares. Aujourd’hui l’administration forestière compte 8 parcs nationaux au Nord du pays d’une superficie totale de 165 362 ha, qui relèvent de la tutelle du Ministère de l’Agriculture, du Développement Rural et de la Pêche (MADRP), parmi les huit parcs nationaux sept sont classés Réserves de Biosphères (MAB)
6. Matériaux de construction et déchets du BTP
Avec la croissance du secteur du BTP ces dernières années et le nombre croissant des chantiers de construction et déconstruction de sites illégaux, le bâtiment constitue la première source de génération de flux massiques. Selon les estimations de 2016, la quantité de déchets de construction générée, était de 11 millions de tonnes. Tout chantier de construction/déconstruction a des impacts sur l’environnement du fait de son utilisation de matériaux, de construction de sa production de déchets, et des rejets de polluants dans l’air et l’eau, et indirectement du fait des besoins énergétiques des structures construites et des espaces qu’elles occupent. A travers la SNGID à l’horizon 2035, l’Etat vise à réduire l’impact des déchets inertes sur l’environnement, par le billet de la mise en place d’installations de concassage et de tri des matériaux inertes en fonction de leur taille, afin d’homogénéiser les flux de manière à ce qu’ils remplissent les exigences techniques des projets de construction.
7. Déchets ménagers assimilés
En 2015, la quantité de déchets générée était d’environ 10,47 millions t/an, avec un taux de collecte national d’environ 80%, seulement 5% des déchets ont été recyclés, 70% mise en décharge contrôlée et 25% en décharge non contrô- lée, selon les prévisions, la quantité de déchets générée atteindra les 18 millions de tonnes à l’horizon 2025. Les enjeux pour l’Algérie concernant la prévention et la gestion des déchets sont multiples, l’un des objectifs de la SNGID à l’horizon 2035, est de prévenir les déchets ménagers et assimilés, afin d’atteindre un taux de valorisation de 30% d’ici 2035, améliorer le système de gestion des déchets ménagers et assimilés en introduisant des incitations financières pour le tri à la source, mettre en place une infrastructure adaptée pour le traitement des déchets.
L. M.