Le Syndicat national algérien des pharmaciens d’officine (SNAPO), qui a plaidé, maintes fois, pour l’accélération de la publication de la liste des psychotropes destinés autorisées à la vente à fin de protéger le patient et pharmacien. Ce dernier va pouvoir bénéficier de meilleures conditions d’exercice de sa profession dès la promulgation du décret exécutif au Journal officiel fixant les dispositions techniques, juridiques et sécuritaires inhérentes à ces psychotropes. Dans cet entretien accordé au magazine Indjazat, Amine Mesbah, secrétaire général adjoint à SNAPO bureau d’Alger a estimé que la promulgation du prochain décret garantira une traçabilité à toute la chaîne du médicament d’une part, tout comme il favorisera l’émergence d’un cadre de coopération pour tous les intervenants dans cette chaine.
entretien réalisé par Lynda Mellak
Quels sont les objectifs assignés à l’organisation par le SNAPO le 16 septembre écoulé d’une conférence nationale sur les psychotropes ?
La conférence nationale sur les psychotropes s’inscrivait dans un contexte particulier à la lumière des changements réglementaires en cours et constitue un espace d’échange et de débat autour du thème central lié au problème des psychotropes, allant de l’aspect scientifique, pharmacologique et clinique aux aspects techniques et réglementaires.
La conférence avait pour objet l’accélération de la publication de la liste des psychotropes et dont l’objectif est la dispensation et le contrôle des psychotropes de leur importation ou exportation passant par leur fabrication jusqu’à leur commercialisation par les officines. Le décret en question a pour objectif notamment de garantir la protection et la sécurité aux pharmaciens d’officines et d’hôpitaux.
En effet, il existe un vide juridique sur le contrôle des psychotropes notamment pour ce qui est de la Loi 04-18 qui régit le contrôle des psychotropes. Le ministère de la Santé avait promulgué en 2015, un décret relatif à ces produits, sans la publication de leur liste nominative, qui en dépit de sa présentation au Conseil de déontologie et à la Gendarmerie nationale, la liste n’a pas été scrupuleusement tenue. Il y’a eu un refus par le secrétariat général du gouvernement ce qui a conduit à un vide juridique et à la non-compréhension de l’application de la Loi 04-18. Cette dernière a été très répressive envers les pharmaciens et les professionnels de la santé, alors que pour les professionnels de la santé sont les seuls habilités à dispenser de ces médicaments.
Cette situation représente-t-elle un risque pour les professionnels de la santé en particulier les pharmaciens ?
Les professionnels de la Santé se sont retrouvés face à un vrai problème qui résiste dans la difficulté de pouvoir distinguer entre les vrais et les faux patients notamment avec la vente de médicaments non-inscrits dans la liste de psychotropes, à l’instar du Prégabaline classée par la justice comme substance psychotrope.
Nous ne sommes pas protégés. Nous subissons plusieurs pressions de la part des délinquants. Nous n’arrivons pas à distinguer les vrais malades des faux. Ajouter à cela la pression juridiques et des services de sécurité qui nous oblige à trouver des solutions.
Il est vrai qu’il existe un phénomène de délinquance et de trafique concernant ces produits de psychotropes. Sauf qu’étant professionnels de la santé, nous sommes tenus par l’obligation de la Loi de dispenser de l’ordonnance.
Les lois en vigueur applicables en cas d’infraction dans l’usage des psychotropes, notamment le Code pénal, appelant, dans ce cadre, les pharmaciens à faire preuve de vigilance et au contrôle minutieux des ordonnances médicales falsifiées pour éviter toute poursuite judiciaire.
Les textes d’application du décret exécutif relatif à la gestion de ces produits sont en cours de préparation et seront appliqués dès la promulgation de ce décret au journal officiel…
Il y’a un travail qui est fait pour la promulgation de décret concernant les modalités de dispensation des psychotropes et une révision de la Loi en cours avec le ministère de la Justice. Nous espérons trouver des solutions rapides pour la sécurisation des professionnels de la santé que ce soit le médecin ou le pharmacien et ainsi pour pouvoir dispenser tranquillement ces médicaments.
La promulgation du prochain décret donnera une traçabilité à toute la chaîne du médicament d’une part, et de favoriser un cadre de coopération pour la gestion de celui-ci, d’autre part. L’application de ce texte permettra d’offrir des conditions plus sûres aux pharmaciens dans l’exercice de leur profession. Le prochain décret en cours de préparation permettra également au pharmacien de connaître les limites de ses responsabilités tout en exerçant sa profession dans des conditions plus sécurisées.
L. M.