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Wassim Kouidri, PDG de SAIDAL : « Assumer notre rôle de locomotive du secteur »

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Le Président-Directeur Général de SAIDAL, Wassim Kouidri, principale entreprise pharmaceutique en Algérie, met en lumière les initiatives-clés de la société pour soutenir la stratégie gouvernementale de développement de l’industrie pharmaceutique nationale. Avec un nouveau plan d’entreprise axé sur des projets stratégiques tels que la production de matières premières et les biosimilaires, SAIDAL vise à renforcer sa position sur le marché local et à contribuer à l’autosuffisance sanitaire du pays. Les partenariats avec des multinationales pharmaceutiques pour la production de médicaments complexes et l’importance de la recherche et du développement dans l’innovation et la diversification du portefeuille de produits sont également soulignés. En outre, SAIDAL s’engage à localiser la production de médicaments essentiels pour répondre aux défis sanitaires actuels, tout en envisageant une expansion vers d’autres marchés africains pour renforcer sa position en tant qu’acteur-clé sur la scène pharmaceutique régionale.

Interview réalisée par Hacène Nait Amara 

Comment Saidal, en tant que plus grande entreprise pharmaceutique en Algérie, contribue-t-elle concrètement à la stratégie gouvernementale de développement de l’industrie pharmaceutique dans le pays ?

Saidal s’est toujours considérée comme l’outil principal des pouvoirs publics pour la réalisation de la politique de santé et le développement du secteur du médicament. Notre position est aujourd’hui renforcée par le soutien des autorités et cela va nous permettre d’atteindre notre objectif de couvrir plus de 27% du marché à court terme.

Pour cela, Saidal a opté pour un nouveau business plan axé sur le lancement de plusieurs projets stratégiques dont la production de matières premières et les biosimilaires ; l’enrichissement de notre gamme de produits en introduisant plus de 100 produits dont la majorité sont dédiés aux malades chroniques ; la concrétisation de son programme de transformations structurelles et organisationnelles, avec l’ambition d’améliorer l’organisation pour répondre aux impératifs de qualité, d’efficacité et d’efficience ; l’engagement d’un programme d’actions centré sur le développement des compétences et la valorisation de la ressource humaine ; et le développement du partenariat par la concrétisation de nouvelles alliances stratégiques.

Pouvez-vous fournir des détails sur les partenariats de Saidal avec des multinationales pharmaceutiques, en mettant l’accent sur les projets impliquant des unités de haute technologie pour l’usinage de molécules et la production de médicaments complexes ?

Compte tenu de la nouvelle stratégie du groupe, basée sur la production de médicaments innovants, il est impératif de sceller des alliances avec des partenaires ayant un haut niveau de technologie. Nous négocions avec des producteurs indiens, chinois et iraniens, possédant l’expérience nécessaire pour ce type de médicaments. Nous exigeons dans toutes nos négociations le transfert de technologie afin de pouvoir produire ces molécules localement en full process. Les domaines couverts par ces partenariats sont les biosimilaires, les pathogènes, les vaccins et la fabrication de matières premières.

Quelle est la part de Saidal dans la fabrication de la matière première nécessaire pour l’industrie pharmaceutique ? 

Actuellement, la Chine et l’Inde fournissent 80% de la production mondiale des principes actifs. Aujourd’hui, après la crise de la Covid, les laboratoires et les gouvernements européens et américains qui ont opté pour une politique de délocalisation de la partie amont de la chaîne des valeurs c’est-à-dire de la matière première, pensent à relocaliser cette industrie dans un souci d’autosuffisance et de souveraineté sanitaire. Dans l’industrie pharmaceutique algérienne, la grande partie de la matière première est importée. L’Algérie devrait commencer dès maintenant à asseoir une industrie de production de matières premières à travers des partenariats. C’est dans cette optique que nous œuvrons pour relancer la production des matières premières que nous avons cessé de fabriquer depuis presque 20 ans pour des soucis de rentabilité. 

En effet, la méthode utilisée à l’époque, à savoir la voie chimique, n’est plus rentable, car les prix des matières premières disponibles sur le marché mondial étaient plus compétitifs que les nôtres. Actuellement, nous avons opté pour la voie enzymatique qui est plus saine, plus écologique et nous permettra de proposer ces matières a des prix très compétitifs. Nous allons commencer par les matières destinées à la production des antibiotiques à l’usine de Médéa. L’usine existe déjà, nous allons mettre à niveau le matériel existant et acquérir quelques équipements nécessaires au fonctionnement du projet. Pour ce qui est de son exploitation, nous avons recruté des experts indiens pour le transfert du savoir-faire de la production de ces matières en utilisant la voie enzymatique. 

Un deuxième projet de production de matières premières est inscrit au programme, il s’agit de la production des cristaux d’insuline au site de Batna. Il nous permettra de fabriquer 1.500kg la première année.

La production de ces matières nous permettra d’assurer leur disponibilité localement, d’augmenter le taux d’intégration, de réduire la facture d’importation et d’exporter le surplus de production.  

Comment Saidal s’engage-t-elle dans la recherche et le développement de nouveaux médicaments, et quelles sont les perspectives d’innovation et de diversification dans son portefeuille de produits ?

Saidal œuvre constamment pour le développement et la diversification de sa gamme de produits, dans le souci d’assurer la disponibilité des traitements aux patients algériens. Pour cette année, nous allons étoffer notre gamme avec des produits de spécialité, dont plus de 30 produits de cardiologie, l’insuline sous différentes formes et les produits d’oncologie.

Parmi ces produits, une partie sera développée par le Centre de Recherche et de développement de Saidal et nous allons bénéficier du transfert technologique pour d’autres. 

Néanmoins, il est temps de nous tourner vers des produits innovants afin de répondre à des segments qui ne sont pas encore satisfaits. Dans notre nouvelle feuille de route, nous nous concentrons sur la production de médicaments innovants comme les biosimilaires et la thérapie ciblée.

Face aux enjeux actuels de la santé mondiale, comment Saidal envisage-t-elle de contribuer à la production et à la distribution de médicaments essentiels, en particulier après l’expérience de la pandémie de COVID-19 et d’autres défis sanitaires ?

Localiser la production de médicaments est primordial pour se préparer à de telles crises, et nous disposons des moyens matériels et humains nécessaires pour faire face à d’autres crises. Nous l’avons déjà prouvé en produisant le vaccin anti-covid en 2021 dans un délai très court. Cette expérience nous a permis d’évaluer nos capacités d’adaptation aux exigences du marché et d’acquérir de l’expérience pour la production de vaccins. Nous travaillons aussi sur l’augmentation du taux d’intégration, notamment en produisant des matières premières.

Pouvez-vous partager la vision de Saidal en matière d’expansion à l’étranger, en particulier vers d’autres marchés africains, et comment l’entreprise compte-t-elle renforcer sa position en tant qu’acteur-clé sur la scène pharmaceutique régionale ? 

Le marché africain présente une opportunité importante pour nous, d’ailleurs, nous tablons sur la réalisation de 10% de notre chiffre d’affaires à partir de l’exportation vers les pays africains. 

Actuellement, nous avons commencé par l’enregistrement de nos produits dans plusieurs pays africains dans l’optique de les exporter. Néanmoins, nous ne prévoyons pas à court terme d’installer des unités de production hors le territoire algérien.

H. N. A.

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